D'une présence confidentielle il y a quelques années, les médicaments biologiques prennent aujourd'hui une place de plus en plus grande dans les rayons des officines. Dans le réfrigérateur principalement, les vaccins n'ont plus le monopole en termes de volume, et partagent l'espace avec des molécules telles que l'adalimumab ou l'étanercept, sans compter les insulines.
Lente mais inéluctable.
Ce déploiement en officine accompagne logiquement une utilisation affirmée des biomédicaments dans les stratégies thérapeutiques. Près de 20 ans après l’arrivée de l’adalimumab en ville (Humira, 2004), on dénombre 122 spécialités de biomédicaments, dont 35 biosimilaires (source biomedinfo). Au-delà des chiffres, cette catégorie de médicaments fabriqués « à partir d'une source biologique » envahit tous les domaines thérapeutiques et ouvre des voies prometteuses pour prendre en charge des pathologies graves et évolutives.
Les biosimilaires se taillent une place.
Au sein des biomédicaments, les biosimilaires se taillent eux aussi une place de plus en plus prononcée, sous l'impulsion des dispositifs d'incitation à la prescription. Selon les données du Gers Data, le taux de pénétration des biosimilaires en volume avoisinait, en 2021, les 20 % pour le secteur ville, avec de grandes disparités entre les classes thérapeutiques ; ainsi, les facteurs de croissance hématopoïétiques (G-CSF) sont largement en tête en termes de pénétration (91,4 % en 2021), avec une progression constante depuis trois ans. Cette pénétration devrait continuer à s’accroître avec l’autorisation accordée en 2022 aux pharmaciens de substituer le filgrastim et le pegfilgrastim. Une progression constante, mais trop lente pour ceux qui mettent en avant l'atout économique des biosimilaires.
La formation reste un défi à relever.
Mais considérer les biosimilaires sous le seul prisme économique ne suffit pas, estime Alain Olympie, directeur de l’Association François Aupetit (AFA) Crohn – RCH France : « dans des maladies complexes comme la sclérose en plaques, les cancers ou les maladies inflammatoires chroniques intestinales, la substitution d'un médicament biologique est une grande responsabilité. Ce n’est pas par hasard si la plupart des biomédicaments sont utilisés en seconde intention, après échec des traitements standards, et que leur prescription est restreinte et généralement hospitalière. » Au sein même des biosimilaires, on peut distinguer les traitements ponctuels comme les G-CSF ou l'énoxaparine, et les traitements chroniques ; ce qui n'implique pas les mêmes exigences en cas de substitution. Si les modalités logistiques, notamment la commande, le prix élevé et la conservation des biomédicaments, ne sont plus un frein, la formation des équipes officinales doit être améliorée. Selon une enquête réalisée en 2022 par le fonds de dotation indépendant TotumLab, en partenariat avec l’AFLAR, les pharmaciens revendiquent une formation plus approfondie dans ce domaine.
« Les objectifs de la formation sont la sécurisation de la dispensation, l’optimisation de l’efficacité du traitement (bonne pratique d’administration, observance), l’accompagnement et le suivi interprofessionnel du patient. En plus de la formation, chaque pharmacien devrait aujourd’hui avoir le réflexe de se renseigner sur les informations de bon usage spécifiques au produit qu’il est en train de dispenser. La plateforme web www.biomedinfo.fr, proposée à tous les professionnels de santé par TotumLab, permet cela », explique Matthieu Gauthier, directeur médical du réseau Totum Pharmaciens et vice-président du fonds de dotation Totumlab.
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