L'A-MCA est pour l'heure une association loi 1901 créée en octobre 2020 par la psychologue Véronique Suissa, le sociologue Serge Guérin et le médecin Philippe Denormandie (1), après avoir publié un livre sur les médecines complémentaires en septembre 2019, et organisé un colloque au ministère de la Santé dans la foulée. Soutenue par quelques médecins (2) et députés (3), notamment dans une tribune publiée dans « le Monde » en mars dernier, l'association a été vivement attaquée par d'autres médecins (Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses, Hôpital Saint-Antoine à Paris, le Collectif Fakemed, le cancérologue Simon Schraub, etc.) et associations, dans le « Figaro ».
Évaluez les pratiques
À pas plus feutrés, l'Académie de médecine appelle à reconnaître « le souhait de nos concitoyens de bénéficier de soins qui vont au-delà de ce que le système de soins conventionnel leur propose », tout en faisant une distinction entre thérapies complémentaires et médecine. L'Académie nationale de médecine ne rejette pas frontalement les premières, et propose même qu'elles soient enseignées dans les facultés de médecine « afin que les professionnels en connaissent les intérêts potentiels et les limites ». Mais elle observe qu'elles font parfois l'objet de dérives entraînant des pertes de chance pour les patients. D'où l'exigence d'un encadrement pour protéger les patients. « Il appartient aux pouvoirs publics d'assumer pleinement leurs responsabilités d'encadrement des pratiques de soins dans notre pays. Cet encadrement doit être assorti d'un effort substantiel de travaux scientifiques visant à évaluer ces pratiques conformément aux règles de l'art, ainsi que d'une homogénéisation et d'une crédibilisation de l'offre de formation dans ce domaine », écrit l'Académie.
Encore plus sceptique, l'Académie de pharmacie demande que l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) évalue et encadre les thérapies complémentaires « dans le respect des règles d’évaluation scientifiques, objectives et transparentes en vigueur, afin d’éviter les influences de lobbies et les dérives sectaires potentielles ».
(1) PH spécialisé en neuro-orthopédie, conseiller au sein du groupe NEHS, actionnaire majoritaire du « Quotidien ».
(2) Pr Gilles Berrut, fondateur du gérontopôle Pays de la Loire, Pr Julien Nizard, chef du centre fédératif douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes, Pr Richard Villet, secrétaire général de la Fondation de l’Académie de médecine.
(3) Agnès Firmin Le Bodo (Agir), pharmacienne, Philippe Berta (Modem), généticien.