Des cas graves d’intoxication, enregistrés chaque année
Dans le cadre du suivi de pharmacovigilance vétérinaire, l’intoxication par la perméthrine apparaît comme l’une des plus fréquentes chez le chat. Malgré l’étiquetage rendu obligatoire depuis 2003 signalant par un logo et un texte la toxicité de la perméthrine pour le chat, le Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de Lyon (CPVL) a enregistré en 2018 pas moins de 122 déclarations d’effets indésirables dans cette espèce, dont 54 cas graves et 6 cas mortels. Compte tenu du caractère spontané de ces déclarations, le chiffre réel de ces intoxications est certainement supérieur.
Pourquoi autant d’accidents ?
La perméthrine est un pyréthrinoïde de synthèse de type 1, insecticide et acaricide qui agit aussi comme répulsif. Beaucoup de produits vétérinaires destinés aux chiens en contiennent comme des shampooings (Pulvex…*), des sprays (Duowin…*) et des spot-on (Advantix, Synergix, Perfikan, Frontline Tri-Act, Vectra 3D*…). Largement utilisés par les propriétaires de chiens, ces produits souvent dérogatoires sont en vente libre et peuvent être achetés chez le vétérinaire, en pharmacie ou en animalerie, ce qui facilite l’automédication. La plupart des intoxications sont liées à l’administration par erreur de spot-on pour chien à des chats par des propriétaires mal informés de cette toxicité.
Pourquoi et comment le chat s’intoxique-t-il ?
La perméthrine et les pyréthrinoïdes sont relativement peu toxiques chez les mammifères en raison de leur métabolisation hépatique rapide. Mais le chat fait exception à cette règle en raison d’une déficience dans la fonction de glucuronoconjugaison hépatique. Cette déficience causerait un retard dans l’élimination rénale des métabolites de la perméthrine, et leur accumulation dans les tissus adipeux et nerveux.
Le chat s’intoxique par ingestion (léchage d’animaux traités) et/ou exposition cutanée (traitement par erreur avec des topiques pour chiens). La dose toxique par exposition cutanée sur les chats (50 à 100 mg/kg) serait atteinte pour un chat de 4,5 kg dès l’administration d’un millilitre d’un spot-on concentré à 45 % de perméthrine. Par voie orale, la DL50 chez le chat est de 200 mg/kg alors que chez le chien, elle est supérieure à 1 600 mg/kg !
Quels sont les signes d’intoxication chez le chat ?
Les premiers signes d’intoxication à la perméthrine apparaissent rapidement, souvent dans l’heure (24 heures maximum) qui suit l’exposition ou l’ingestion. L'évolution est assez courte, de 24 à 72 heures, et peut être mortelle. Les principaux signes décrits sont des troubles nerveux, parfois des troubles digestifs (vomissements, diarrhées…), et plus rarement des signes cardiovasculaires, cardiorespiratoires, une prostration ou de l'hyperthermie. Dans tous les cas, une consultation vétérinaire d’urgence s’impose. Comme il n’y a pas d’antidote, le traitement symptomatique vise principalement à éviter les signes neurologiques.
Quels conseils donner pour éviter les accidents ?
Lors de la vente d’un produit à base de perméthrine pour un chien, insister auprès des propriétaires sur le respect des consignes mentionnées sur l’emballage et leur montrer le logo représentant la contre-indication absolue chez le chat ! Dans la mesure du possible opter pour un produit sans perméthrine pour les chiens vivant avec des chats dans un même foyer. Si ce n’est pas possible, séparer les chats des chiens traités jusqu’à ce que le site d’application du traitement soit sec (compter environ 12 heures) pour éviter toute exposition accidentelle au produit par léchage. En cas d’exposition accidentelle, consulter rapidement un vétérinaire même si aucun effet indésirable n’est observé. Si une pipette chien a été mise sur un chat, il est recommandé de laver le chat avec de l’eau tiède et du savon ou du liquide vaisselle (si possible !).
* Liste non exhaustive, donnée comme exemple.