Cap sur Mulhouse, cité indépendante jusqu’en 1798. Aujourd’hui encore, la ville occupe une place particulière en Alsace. Ici, même avec un hôtel de ville style Renaissance et un temple néogothique – presque aussi imposant qu’une cathédrale –, le passé est avant tout industriel ! Dès 1746, la Mulhousienne s’est jetée à corps perdu dans la production textile. Avec les fameuses indiennes de coton aux couleurs multiples, garance, indigo…, et la technique d’impression à la planche. L’essor des manufactures et l’envolée de la chimie ont suivi. Devenue un pôle d’innovations, Mulhouse se métamorphose en « ville aux cent cheminées ». Un décor qui lui vaudra le surnom de « Manchester français ». Cet élan industriel est porté par quelques grandes familles protestantes, dont 22 membres fondent en 1826 la SIM (Société industrielle mulhousienne), et qui ne cesseront de travailler à promouvoir leurs entreprises à travers la recherche et l’enseignement.
Fière de son ADN industriel, Mulhouse lui consacre plusieurs musées. Si étoffes et impressions ont leur espace dédié, la fée électricité a Électropolis. La Cité du train réunit quant à elle, sur 60 000 m2, 138 matériels roulants classés « Patrimoine SNCF ». Sans oublier la Cité de l’automobile, qui possède la plus grande collection mondiale, 500 modèles de 98 marques différentes, constituée par deux industriels de la région. Proclamée Capitale européenne des musées techniques, la ville est constamment en ébullition. Versée, de toutes ses forces, dans l’art urbain, elle soutient l’ambitieux projet Graffitipolis, qui va permettre à de nombreux artistes de s’emparer des murs de parking du complexe de cinémas Kinépolis. Sans oublier les circuits de street art, pour découvrir par exemple la fresque « Dr Latscha » de Shaka, hommage à un médecin ami du père de l’artiste.
La petite Venise
Aussi dynamique que soit Mulhouse, la ville de Colmar, pimpante bourgeoise, n’est pas en reste. Idéalement située au cœur du vignoble, cette capitale du vin est aussi un eldorado architectural entre ciel et eau. Il suffit de lever les yeux pour croiser trompe-l’œil, huisseries ou oriels d’où jaillissent d’opulents géraniums. Mais c’est à la Krutenau que bat le cœur historique médiéval de Colmar. Lieu ancestral des corporations de vignerons et maraîchers-bateliers, la petite Venise alsacienne ensorcelle. Irrigués par la Lauch, ses petits canaux amoureusement fleuris longent les maisons à colombages sagement alignées. Leurs torchis rivalisent en couleurs. Plus vives les unes que les autres.
Plus récent, le cossu quartier sud de Colmar voit coexister désormais deux architectures autrefois rivales. Vestiges de l’histoire chahutée de l’Alsace – plusieurs fois passée de la France à Allemagne –, des édifices emblématiques néoromantiques, construits pendant la période allemande, restent méconnus du grand public. La villa Art nouveau dite « aux raisins », ou la Cour d’appel de Colmar de style baroque allemand, bâtie en 1906, en sont les plus belles illustrations.
On ne peut quitter la ville sans admirer au musée Unterlinden, ancien cloître gothique du XIIIe siècle, l’exceptionnel retable d’Issenheim de Matthias Grünewald, une « expérience à la fois artistique et philosophique (…) un chef- d’œuvre au réalisme quasi-insoutenable ».
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