C’est avec un optimisme tempéré que la Fondation Roche a présenté le premier sondage de son nouvel Observatoire de l’accès au numérique en santé le 17 juin. Conduit par Harris interactive, ce sondage a été mené en mars 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes environ. Et si la Fondation Roche parle d’optimisme, c’est parce que 86 % des sondés considèrent le développement des technologies numériques dans le domaine de la santé comme une bonne chose.
Autres éléments positifs pointés par la fondation, l’enquête révèle que 71 % des sondés ont déjà eu recours à des plateformes comme Doctolib ou Maiia. Et une grande majorité affiche des taux de satisfaction importants vis-à-vis des outils mis à leur disposition, qu’ils soient d’origine publique ou privée. Ces données contredisent l’image souvent relayée d’un peuple Français rétif aux nouvelles technologies et qui a du mal à sortir de ses habitudes.
Inégalités d’accès
Mais derrière cet optimisme, pointent encore quelques méfiances et craintes que la Fondation Roche invite à dissiper par ce qu’elle appelle une forme de « réassurance », une volonté de rassurer les Français quant aux risques qu’ils perçoivent en dépit de la bonne image qu’ils ont du numérique en santé. Le premier d’entre eux est la crainte de se voir éloignés du système de santé faute d’avoir accès aux technologies numériques. 79 % d’entre eux estiment même qu’il existe de grandes inégalités dans l’accès au numérique, un chiffre qu’il faut mettre en parallèle avec les 76 % des sondés pour qui il existe de grandes inégalités concernant l’accès aux soins. « Ce sont des risques cumulatifs, estime ainsi Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive. Il n’y a pourtant pas de fracture numérique absolue, mais plutôt diverses césures dans la population française. »
Autres craintes formulées par les sondés, les risques encourus par leurs données de santé, un quart d’entre eux ne font pas confiance, mais celle-ci est plus forte dès lors qu’elles sont gérées par des professionnels de santé ou des institutions publiques, mais elle l’est moins quand elles se trouvent aux mains d’entreprises privées, et moins encore quand il s’agit des Gafa. Et pourtant, dans la pratique, les Français laissent facilement leurs données à caractère personnel sur Internet.
Autre étrangeté pointée par cette enquête, si les sondés sont très conscients de l’intérêt du numérique pour obtenir un rendez-vous médical ou faciliter les démarches administratives, ils sont encore peu nombreux, seulement un tiers environ, à considérer comme une priorité l’usage du numérique pour améliorer leur propre santé. On en est encore à une vision assez restrictive de l’usage du numérique, loin du vaste champ des possibles offert dans la réalité. « D’où la nécessité de réassurer, martèle Frédéric Chassagnol, vice-président de la Fondation Roche. Et faire de l’accès au numérique un pilier de la politique de santé », préconise-t-il. Les professionnels de santé ont leur rôle à jouer, un rôle primordial, sans toutefois qu’on attende d’eux qu’ils soient des médiateurs numériques, mais qu’ils soient plutôt en mesure d’expliquer l’intérêt de recourir à tel dispositif numérique, ou d’envoyer les patients vers des lieux où on peut leur transmettre des compétences, des centres médico-sociaux par exemple.
D’après une enquête réalisée par la Fondation Roche.