Les groupements font fi des consignes de distanciation. Bien au contraire, depuis le confinement décrété le 17 avril, ils n'ont jamais été aussi proches de leurs adhérents, multipliant les initiatives pour resserrer les liens avec leur réseau. Puisant dans leurs ressources d’ingéniosité, la plupart des groupements ont tout d’abord mis, dans l'urgence, du matériel à disposition de leurs adhérents pour répondre aux besoins de sécurisation du point de vente et de l’équipe officinale. Bandes de marquage au sol et hygiaphones chez Excelpharma et Ipharm notamment, ou encore livraison de plus de 620 paravents en plexiglas chez Giropharm… les renforts matériels ne se sont pas fait attendre.
Mais l’accueil du patient s’est aussi dématérialisé avec l'accélération des services de livraison à domicile qui ont pu s’appuyer sur des fonctionnalités de click & collect ou de scann & collect. Excelpharma a ainsi lancé une application qui combine ce service ainsi qu’un suivi de la pathologie Covid-19 et, bientôt, un dispositif de téléconsultation. Pharmactiv a ouvert gratuitement son service d’envoi d’ordonnances sécurisé MyPharmactiv à l’ensemble de son réseau. Ce groupement appartenant au grossiste-répartiteur OCP a également conclu un partenariat avec Boost, spécialiste de la communication digitale sur les réseaux sociaux.
Renforcer les liens
Car, en cette période de crise, le maintien du lien avec les adhérents, isolés dans leur exercice professionnel, est essentiel. Les groupements ont déployé de nombreux outils pour informer les pharmaciens opérant en première ligne de cette épidémie de l'évolution de la propagation du virus et de ses répercussions sur l'exercice officinal. Très tôt, Giropharm a ainsi ouvert une hotline pour répondre aux interrogations de ses adhérents avant d’instituer des flashs d’information Covid. La progression de l’épidémie, département par département, peut également être suivie en temps réel par les Giro-pharmaciens. Ipharm a opté pour les ondes en émettant sur Ipharm Radio et dédie régulièrement un point d’information à l’évolution législative. La pharmacienne responsable du réseau Lafayette édite quant à elle une lettre "info Covid" quotidienne dans laquelle sont abordés tant les aspects entrepreneuriaux de l’officine en temps de pandémie que l’accompagnement des patients et la sécurisation du personnel.
Parce que cette époque suscite un besoin de liens sociaux et un élan de solidarité, la communication aux adhérents est renforcée. Giropharm propose ainsi chaque jour, à 20 heures, un rendez-vous sur les réseaux sociaux. Tandis que Lafayette s’est lancé dans lesWebinars. Pas moins de 9 Webconférences ont été ainsi organisées en une semaine dès la publication des décrets d’application. « Notre intention était de donner des éléments clés à nos adhérents afin qu’ils puissent interroger leur expert-comptable », explique Hervé Jouves, président de Lafayette Conseil. Il rappelle ainsi que l’appartenance d’un titulaire à un groupement se justifie par ses facultés à soutenir le pharmacien chef d’entreprise. Cela vaut autant pour les conseils de gestion, les demandes d’aides auxquelles ils peuvent prétendre, l’optimisation des frais de personnels, que pour les bonnes décisions dans la fonction achats. Tout comme Ipharm qui a orienté ses adhérents dans leurs choix de fournisseurs en gants, gels et masques, Lafayette a trouvé des sources d’approvisionnement portant sur d’importants volumes de commandes afin d’éviter les ruptures.
Conscients que le rebond après la crise dépend de la capacité financière de leurs adhérents, les groupements s’attachent à sécuriser les trésoreries. Ils jouent ainsi de leur partenariat avec les laboratoires pour réclamer des reports dans les échéances de facturation. Giropharm a ainsi obtenu un délai jusqu’au 9 juin auprès de 70 laboratoires, dont les génériqueurs. « 70 % de nos laboratoires partenaires ont accordé un délai de paiement supplémentaire pouvant aller de 30 à 90 jours. C'est primordial car il s’agit de préserver au maximum le cash », affirme Hervé Jouves. De fait, l'après Covid sera un nouveau défi pour les groupements. Ils devront faire leurs preuves dans leur capacité à soutenir l'entreprise officinale, mise à mal par deux mois de récession. En prévision de cette sortie de crise, certains groupements, tels Leadersanté, n'hésitent pas à faire le forcing auprès du gouvernement. Il s'agit de positionner le réseau officinal dans le dépistage massif des Français après le déconfinement. C’est ainsi que, revendiquant son maillage de 300 pharmacies en France et l'action de ses adhérents tout au long de la crise, Leadersanté réclame la possibilité de réaliser les tests de dépistage en pharmacie. « Une démarche toute légitime pour lutter de manière plus forte contre l'épidémie », selon Alexis Berreby, président du réseau.