La naissance de Louis Chavant, le 27 janvier 1944, a bien failli coûter la vie à son père. En effet, si celui-ci était allé chercher son faire-part de naissance le jour prévu, il aurait été pris dans la rafle menée par la Gestapo chez un imprimeur résistant de Toulouse. Une quarantaine de personnes y ont été arrêtées et déportées. On le comprend, la seconde guerre mondiale a marqué Louis Chavant. Au point d’être la toile de fond de son premier roman policier, publié en 2020, l’année de sa retraite prise après 50 années d’enseignement à la faculté de pharmacie de Toulouse.
Au départ, le jeune Louis Chavant n’était attiré que par la peinture ou l’architecture. Mais pour faire plaisir à ses parents qui lui demandent d’avoir « un vrai métier », il choisit un cursus de sciences, puis hésite entre médecine ou pharmacie. Il tire à pile ou face… et entre en pharmacie.
Il prend ensuite un poste d’enseignant en botanique : « Je me suis piqué au jeu de cette discipline à laquelle je ne connaissais rien », indique-t-il. Puis il se passionne pour les champignons que, à l’époque, « l'on ne voyait que dans le formol ». Il organise des sorties sur le terrain pour ses étudiants, devient professeur et, au fil des années s’impose comme LE mycologue toulousain. Il présidera l’association mycologique de Toulouse pendant 30 ans.
Au début des années 1990, Pierre Fabre lui propose de faire une publication sur les champignons à destination des pharmaciens d’officine. Ce fascicule « Champignons toxiques et comestibles » sera distribué pendant 20 ans à près de 10 millions d’exemplaires par les pharmaciens français à leurs clients. « Je n’ai pas gagné un centime dans l’aventure », précise-t-il dans un sourire. Enseignant chercheur en mycologie et botanique, il forme jusqu’à 3 000 étudiants par an. À 68 ans, il devient professeur émérite et continue d’exercer à la fac de pharmacie jusqu’à sa retraite en septembre dernier.
Mais sa vie n’est pas un long fleuve tranquille. Peu après 50 ans, « le petit crabe a essayé de me bouffer tout cru, explique-t-il. Hospitalisation, analyses, radiographies, traitements… deux longues années d’arrêt de travail, que faire ? De la peinture ! ».
Il reprend les pinceaux de sa jeunesse. Cette passion l’aidera à affronter trois autres cancers. Il participe à de multiples expositions comme celles de l'association Vœux d'Artistes, dont les ventes sont destinées à la recherche médicale pédiatrique. Il produira aussi une série de tableaux illustrant « l’Odyssée » dont il fera un livre.
Depuis deux ans, il a raccroché ses pinceaux, mais contracté une nouvelle passion, suite à des travaux dans sa maison où les ouvriers découvrent un squelette ancien. L’événement lui suggère un roman policier*, « Jeu de morts », dont l’intrigue trouve son origine au cœur de la seconde guerre mondiale.
Cette vie, riche de passions, présentée dans un petit site Internet**, lui vaut l’estime de nombreux artistes… et pharmaciens : « Quand je rentre dans une officine, je suis très souvent reconnu par des titulaires auxquels j’ai enseigné, explique-t-il. Et je crois qu’ils n’ont pas un trop mauvais souvenir de moi. »
* « Jeux de morts » – Éditions du Net – 15 € (www.leseditionsdunet.com).
** http://www.louischavant.fr/