Le Pr Alain Fischer, nouveau président du Conseil d'orientation de la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19, explique sa prudence et sa confiance à l'égard de la campagne à venir, dans un grand entretien qu'il a accordé au « JDD »*.
Nommé jeudi dernier à la présidence du Conseil d'orientation de la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19, le Pr Alain Fischer explique les enjeux de sa nouvelle mission, qui porte sur deux aspects : « Le conseil, ce que l'expertise scientifique peut apporter au politique, et la communication sur la vaccination, un enjeu essentiel. » Concernant ses réserves exprimées dès sa nomination, l'immunologiste a tenu à préciser : « Il y a deux impressions à ne pas donner : ça y est, on a des vaccins. Tout est réglé, et on y va. Ou, à l'inverse, on n'en sait pas assez et on n'y va pas. » Prônant l'hésitation utile et raisonnable, le « Monsieur vaccin » du gouvernement suggère, « il faut avancer avec prudence, en expliquant ». Expliquer pour convaincre est aussi l'un de ses credo. « Il n'y aura pas de vaccination sans consentement », déclare-t-il. Quant à l'option d'une vaccination obligatoire, Alain Fischer l'estime inadaptée : « En santé publique, il faut d'abord essayer de convaincre. L'obligation, on n'y recourt qu'en cas d'échec, de grande menace sanitaire. »
Enfin, en matière d'information sur la vaccination anti-Covid, le Pr Fischer préfère qu'on évite le recours aux arguments d'autorité et aux injonctions émanant des responsables sanitaires. « Les informations doivent provenir des personnes auprès desquelles la population a l'habitude de s'informer », estime-t-il. Et de citer comme « ambassadeurs » potentiels de la vaccination, les généralistes, les infirmières libérales… et les pharmaciens. À condition toutefois, « que ces professionnels aient accès eux-mêmes à de bonnes informations ». Ensuite, augure-t-il, « il est possible que les personnes vaccinées deviennent des ambassadrices du vaccin ».
* Le « JDD » du 6 décembre 2020.