Face à la nouvelle flambée de l’épidémie, les pharmaciens déploient de nouvelles mesures de lutte contre la propagation du Covid-19. Lors d’un Webinaire, le 25 octobre, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a passé en revue les différentes missions des pharmaciens dans la lutte contre l’épidémie. Il a également informé la profession des actualisations de ces mesures.
Ainsi, la distribution des masques de l'État reste en vigueur, jusqu’à l’épuisement de ces stocks en officines et chez les grossistes-répartiteurs. Elle continue de concerner les patients vulnérables sur prescription médicale ainsi que les personnes dépistées Covid + et les personnes contact. Mais ces masques sont désormais également destinés aux accueillants familiaux et aux auxiliaires de vie intervenant auprès de personnes âgées ou de personnes en situation de handicap. « L’État a souhaité soutenir ces personnes qui ont un petit salaire », ajoute Gilles Bonnefond. Il précise également que « si de nouvelles tensions d’approvisionnement intervenaient sur les masques, de nouvelles livraisons des stocks de l’État pourraient se remettre en marche. De même, il pourrait être envisagé que des stocks de l’État puissent être libérés pour les gants ».
Anticiper sur un éventuel reconfinement
La situation est en effet tendue en cette fin octobre, et de nombreux indices démontrent à la profession qu’elle se trouve aujourd’hui au seuil d’une nouvelle phase de l’épidémie. En témoigne l’adoption le 24 octobre par les députés de la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février 2021. Dans cette perspective, des mesures dérogatoires ont été prises par le gouvernement, prolongeant la prise en charge par l'assurance maladie des masques pour les patients chroniques, les personnes Covid + et les personnes contact, la fabrication et la vente de SHA ainsi que l’encadrement des prix, la réalisation des TROD Covid sérologiques, le télésoin en officine, ou encore la délivrance de Rivotril en injectable.
« Cependant, note Gilles Bonnefond, le renouvellement des ordonnances n’a pas été reconduit, ce que nous regrettons. » Une réunion devrait se tenir aujourd’hui entre les syndicats et le ministère pour évoquer cette possibilité. Car il s’agit d’anticiper sur un éventuel reconfinement. Pour éviter cette perspective, ou tout au moins reculer l'échéance de cette mesure, un dépistage massif de la population par des tests antigéniques apparaît aujourd’hui comme le seul remède efficace. Les pharmaciens sont bien décidés à se saisir de ce moyen d’agir activement contre la propagation du virus. Nombre d’entre eux se sont mis en ordre de marche tout au long de la semaine pour être prêts dès lundi. Ils pourront s’appuyer sur un protocole mis en place par les syndicats et le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, a annoncé Gilles Bonnefond.
Il rappelle la portée symbolique de cette mission qui permet aux pharmaciens, pour la première fois, de poser un diagnostic. Pour la profession, la question est cependant moins d’être à ce rendez-vous historique que d’agir en fournissant une réponse rapide, « en 10 ou 15 minutes, à toutes personnes, symptomatiques depuis moins de 4 jours, ou asymptomatiques, dans le cadre de dépistage sur ordre de l’ARS ou encore auprès de personnels d’EHPAD », expose le président de l’USPO. Il regrette cependant que les personnes identifiées comme cas « contacts » ne puissent être éligibles à ces tests pratiqués par les pharmaciens, ni davantage les voyageurs nécessitant un résultat de test pour entrer dans un pays. Le syndicat note qu’il a réclamé ces élargissements auprès des pouvoirs publics.
15 à 20 tests par heure
Ces tests pourront en tout cas répondre à une forte demande de la population et Gilles Bonnefond estime que, dès leur mise en place début novembre, « tout pourrait alors aller très vite ». Les pharmaciens devront alors avoir mis en place un circuit permettant d’éviter le contact entre les patients habituels de l’officine et les personnes venant se faire dépister. C’est la raison pour laquelle l’USPO plaide en faveur de la prise de rendez-vous, voire l’autorisation de réaliser la possibilité de réaliser les tests en espaces extérieurs, sur des parkings, par exemple sous des barnums. « Des plages horaires devront être dédiées et il sera ainsi possible de pratiquer entre 15 et 20 tests par heure », estime Gilles Bonnefond indiquant qu’il est préférable que le process soit réalisé par un binôme, une personne effectuant le prélèvement, la seconde renseignant le résultat sur la plateforme SI-DEP (Système d’Informations de dépistage). La collecte de cette information est en effet un élément épidémiologique clé en termes de santé publique.
Alors que les préparateurs pourront intervenir pour les prélèvements, Gilles Bonnefond se déclare favorable au renfort des étudiants (voir aussi en page 5). De même, des infirmiers libéraux pourraient être associés à ce dépistage, estime le syndicat. « Dans ce cas, l’infirmier sera payé pour le prélèvement, le pharmacien sera rémunéré pour le test », explique le président de l’USPO, rappelant que la rémunération prévue pour les infirmiers est de 26 euros, et celle des médecins 21 euros, en plus de la consultation. Les pharmaciens, qui seront rémunérés 34 euros pour le test, les équipements de protection individuelle (EPI) et le prélèvement, percevront par l’assurance-maladie une indemnité unique de 300 euros. Elle vise à les indemniser pour leur implication dans le dépistage, mais, surtout, pour la mise à disposition de ces tests aux professionnels de santé libéraux.