Covid-19

L'inactivité physique, facteur de risque probable de forme grave et de décès

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Publié le 20/04/2021
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Si l’âge avancé, la présence de comorbidités (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires) et le sexe masculin sont bien identifiés comme des facteurs de risque de formes sévères du Covid-19, aucune donnée n’était encore disponible sur l’impact de l’activité physique sur le pronostic, alors que celle-ci est connue pour améliorer la fonction immunitaire. Une première étude observationnelle américaine, publiée dans « British journal of sports medicine », s’est penchée sur la question.

Les données de 48 440 patients* avec un diagnostic de Covid posé entre 1er janvier et le 21 octobre 2020 ont été analysées. Chacun avait eu au moins trois mesures des signes vitaux à l'effort entre le 19 mars 2018 et le 18 mars 2020. Les sujets ont été catégorisés selon leur niveau autodéclaré d’activité physique : inactivité (de 0 à 10 minutes par semaine), activité « modérée » (de 11 à 149 minutes par semaine) ou activité conforme aux recommandations (150 minutes ou plus par semaine).

Les patients inactifs avaient un risque plus élevé d'hospitalisation (OR de 2,26 par rapport aux patients respectant les recommandations d’activité physique et OR de 1,20 par rapport à ceux ayant une activité « modérée »), d'admission en soins intensifs (OR de 1,73 et de 1,10) et de décès (OR de 2,49 et de 1,32).

Un facteur de risque potentiellement plus important que tout autre problème médical

Selon les auteurs, le risque associé à l’inactivité dépasse celui lié au tabagisme et à pratiquement toutes les maladies chroniques étudiées dans l’analyse, suggérant un rôle crucial de l'inactivité physique comme facteur de risque du Covid-19. « Être inactif était un facteur de risque plus important pour les issues graves du Covid-19 que n'importe quel problème médical sous-jacent ou facteur de risque identifié (tabagisme, obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires et cancer), à l'exception de l'âge et des antécédents de transplantation d'organe », soulignent-ils.

Leur conclusion n’est néanmoins pas définitive. Les associations observées « pourraient potentiellement être inversées : ceux qui ont une maladie sous-jacente plus importante peuvent être moins susceptibles d'inclure l'activité physique dans leur routine quotidienne ou ne pas avoir la capacité de le faire », relèvent-ils.

Mais, au vu des bénéfices de l'activité physique régulière sur le risque d'inflammation systémique, sur la santé cardiovasculaire, la capacité pulmonaire ou encore sur la santé mentale, la promotion de l’activité physique doit être « intégrée aux soins médicaux de routine », plaident-ils, alors que les mesures de lutte contre la pandémie ont sans doute affecté la pratique sportive, et notamment celle des personnes à risque.

* Âge moyen de 47,5 ans, avec une médiane à 47 ans ; 61,9 % de femmes ; IMC moyen de 31,2 ; 6,4 % respectaient les recommandations d’activité physique ; 14,4 % étaient systématiquement inactifs ; 51,4 % n'avaient pas de comorbidités, tandis que 17,4 % n'en avaient qu'une et 31,3 % en avaient deux ou plus ; 8,6 % ont été hospitalisés, 2,4 % ont été admis en soins intensifs et 1,6 % est mort.

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du Pharmacien