Comme promis lors de sa conférence de presse du 19 avril, Olivier Véran a appelé hier soir la présidente de l'Ordre des pharmaciens pour répondre à sa demande d'éclaircissements sur la doctrine de distribution des masques en pharmacie.
Il faudra sans doute encore attendre pour connaître précisément le rôle que peuvent jouer les pharmaciens dans la distribution des masques grand public pourtant largement recommandés aux Français lors de leur sortie de confinement. Face aux initiatives des régions et à l'offensive des autres circuits de distributions, la présidente de l'Ordre, Carine Wolf-Thal, et les syndicats de pharmaciens avaient sollicité une clarification sur la place des pharmaciens dans cet approvisionnement. Hier, lors de la conférence de presse présentant les grandes lignes du plan de déconfinement, les deux ministres, Édouard Philippe et Olivier Véran, n'ont pas vraiment répondu à cette attente. Ce n'est donc qu'hier soir, par téléphone, qu'Olivier Véran a pu délivrer quelques messages à Carine Wolf-Thal. « Concernant la distribution des masques chirurgicaux, la priorité du ministre reste la cible des professionnels de santé », a confié ce matin au « Quotidien » la présidente de l'Ordre. Une doctrine que Carine Wolf-Thal fait également sienne tant que le nombre de ces protections suffit à peine à doter les professionnels de santé. « Pour donner à la population ces masques, il faudrait augmenter considérablement les stocks », estime-t-elle. Reprenant le chiffre de 3 millions de masques avancé par l'Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), elle estime que « la profession ne peut se lancer dans cette bataille avec si peu de stock. Ce serait un feu de paille qui, à terme, nous ferait perdre toute crédibilité auprès des autres professionnels de santé ».
Quant à la question de savoir si les officinaux sont concernés par l'approvisionnement de la population en masques grand public (ou alternatifs), « il n'aura échappé à personne que les pharmaciens n'ont pas été cités dans les moyens de distribution évoqués par les ministres », souligne Carine Wolf-Thal. La présidente de l'Ordre a ainsi redit au ministre de la santé la détermination de la profession à obtenir cette autorisation de vente « dès maintenant », a-t-elle insisté. Réponse d'Olivier Véran ? « Sur cette question, un arbitrage est en cours ». Patiente et déterminée, l'ordinale dit continuer de travailler avec les syndicats pour « affiner les conditions de cette vente ». Elle souligne toutefois le caractère « ubuesque » de la situation : « nous sommes les seuls professionnels de santé accessibles directement au public et nous n'avons pour l'instant rien à lui proposer, ni masque chirurgical, ni masque grand public. »