Le bamlanivimab, traitement à base d'anticorps monoclonaux développé par le laboratoire américain Lilly, a obtenu le 22 février une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) pour le traitement des formes symptomatiques légères à modérées de Covid-19 étant à risque élevé d'évolution vers une forme grave (pour des patients âgés de plus de 80 ans ou atteints de déficits immunitaires). Plébiscité par le président de la République et mis en avant la semaine dernière par le ministre de la Santé, ce traitement suscite néanmoins de vives réticences chez certains membres de la communauté scientifique.
Selon Olivier Véran, 83 hôpitaux auraient déjà reçu « des milliers doses » d'anticorps monoclonaux, traitement administré par voie intraveineuse dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes du Covid-19 et qui ne peut être prescrit que par un médecin hospitalier. Suite à l'octroi de l'ATU, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a tenu à exprimer ses réserves dans un communiqué. « Les données d’évaluation clinique du bamlanivimab publiquement disponibles sont celles d’une étude de phase 2, rappelle tout d'abord la société savante. Elle a été correctement conçue et réalisée mais comme toutes les études de phase 2, sa finalité est purement exploratoire et n’est pas de démontrer l’intérêt clinique du traitement évalué. (...) Ainsi, il manque à cette étude les éléments classiques mis en œuvre dans les essais de phase 3 pour limiter le risque de conclure à tort à l’intérêt clinique du traitement », précise la SFPT qui rappelle au passage que « les résultats prometteurs des phases 2 ne sont confirmés en phase 3 qu’environ 1 fois sur 2 ».
L'ATU délivrée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de plus l’intégration du bamlanivimab 700 mg en monothérapie. Or « les résultats obtenus ne suggèrent en rien un effet de la monothérapie », analyse la SFPT. Autant d'éléments qui conduisent cette société savante à la conclusion suivante : « La gravité de cette pandémie et l’urgence à traiter les patients ne justifient en rien l’utilisation à but compassionnel de traitement dont le bénéfice n’est pas connu. (...) En l’absence de preuve, les patients sont exposés à un risque d’effets indésirables, et des ressources de soins potentiellement mobilisées de manière indue tant que l’utilité du traitement est inconnue. »
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