La lactoferrine, un complément alimentaire utilisé pour stimuler le système immunitaire, fait l’objet d’une très forte hausse de la demande en Italie. En cause : une vidéo virale d’une dermatologue commentant les résultats d’un essai clinique positif de ce produit dans le Covid-19. Mais à ce stade, rien ne permet d’affirmer une quelconque efficacité.
Plusieurs essais cliniques misant sur la lactoferrine dans le Covid-19 ont été lancés en Europe, notamment en Italie. Les résultats d’un essai clinique mené à Rome sont parus en juillet dans la revue « International Journal of Molecular Science ». Les auteurs soulignent les résultats positifs tout en soulignant que des études supplémentaires étaient nécessaires. Mais au cours d’un reportage réalisé en juillet dernier, la dermatologue Elena Campione, qui a participé à cet essai, a déclaré que l’utilisation de la lactoferrine au stade précoce du Covid-19 avait eu un effet « incroyable » puisque « dix jours après le début de la thérapie, les symptômes ont disparu et le test PCR était négatif ». Il n’en fallait pas davantage pour provoquer une ruée sur la lactorferrine en Italie, ruée relancée en septembre et octobre par la diffusion larga manu des déclarations de la dermatologue sur les réseaux sociaux au moment où l’épidémie de Covid-19 repartait de plus belle.
Une aubaine que le Laboratorio della Farmacia a su saisir au vol, en développant un complément alimentaire contenant notamment de la lactoferrine appelé CovAlt, complétant ainsi son offre anti-Covid axée sur le gel hydroalcoolique. Interrogés par l’AFP, de nombreux pharmaciens italiens reconnaissent une forte hausse de la demande en lactoferrine. Une grande pharmacie de Rome indique ainsi vendre une centaine de boîtes par semaine au lieu des deux ou trois boîtes habituelles. D’autres notent aussi un changement dans la demande des patients. Ceux-ci ne demandent plus de conseils sur des stimulants de l’immunité mais réclament directement de la lactoferrine. Pourtant, ils reconnaissent que rien ne permet d’affirmer que ce produit est efficace. Ce que confirme le professeur de virologie de Milan Roberto Burioni, qui gère le site internet Medical Fact : « Je reçois de nombreuses demandes à ce sujet, alors je réponds collectivement à tout le monde. Il n'existe aucune preuve clinique de l'utilité de la lactoferrine dans la prévention ou le traitement du Covid-19. »
L’engouement italien pourrait bien se répercuter dans d’autres pays. En Espagne, où un autre essai clinique a été mené sur la lactoferrine, les autorités sanitaires espagnoles ont rappelé à l’ordre un médecin qui faisait la publicité de la lactoferrine et aurait mené des études non autorisées. Le Dr Gabriel Serrano, également à la tête de la société Sesderma et auteur des premiers essais cliniques, serait sous le coup de sanctions de la part de l'autorité sanitaire régionale de Valence pour ses activités.
Avec l'AFP.
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