LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Comme l’a rappelé Isabelle Adenot il y a quelques jours, « la lutte contre le dopage passe par les pharmaciens ». Quels sont leurs atouts dans ce domaine ?
PIERRE XAVIER FRANK.- Le dopage s’effectue principalement avec des produits allopathiques et vise une amélioration des performances au détriment de la santé. À l’inverse, des méthodes naturelles et alternatives, comme la micronutrition, l’aromathérapie, l’homéopathie et la gemmothérapie favorisent la performance sans mettre la santé en danger ni contrevenir à l’éthique. Les sportifs veulent éviter les risques du dopage mais ne savent pas toujours comment s’y prendre, et c’est là que les pharmaciens ont un rôle à jouer.
Concrètement, comment les pharmaciens doivent-ils se positionner ?
Les sportifs méconnaissent nos compétences en matière de conseil et d’information. Ils achètent beaucoup dans les magasins de sport, sans savoir que nous disposons souvent de produits plus pertinents, à des prix plus intéressants. Mais le vrai problème, ce sont les achats sur Internet, avec la présentation de produits « miraculeux » régulièrement contaminés par des agents dopants interdits et dangereux. Nous pouvons aider les sportifs à éviter ces écueils, car le dopage c’est avant tout de la pharmacologie et de la physiologie, et nous sommes les mieux placés pour en parler.
Comment organiser un rayon « sportif » dans une officine ?
On ne doit pas se contenter de vendre des compléments alimentaires, mais accompagner le sportif dans toute sa démarche. Il faut lui proposer un entretien pharmaceutique, dans une zone de confidentialité, et parler avec lui de son sport et de son assiette. Cela peut durer trente à quarante minutes, mais le « retour sur investissement » est réel, d’autant qu’un sportif satisfait en fera venir d’autres. Ensuite il faut évaluer, lors d’un second entretien, la pertinence des produits utilisés et faire un bilan. On considère que 80 % des sportifs qui achètent des compléments alimentaires n’en ont pas vraiment besoin… mais que ceux qui en ont le plus besoin n’en achètent pas, ou ne choisissent pas les bons !
Comment renforcer les compétences des pharmaciens dans ce domaine, et quel peut être son impact sur l’activité de l’officine ?
Il n’y a pas de secret, le développement de ces compétences passe par une vraie formation des pharmaciens, et je constate avec plaisir qu’ils sont de plus nombreux à en suivre. Il y a un vrai marché dans la mesure où 65 % des Français font un exercice physique régulier, avec 40 % d’entre eux qui pratiquent sérieusement un sport. Les sportifs veulent améliorer leurs performances et refusent de souffrir inutilement de maux évitables par une bonne préparation. En général, ils sont prêts à dépenser de l’argent pour leur passion. Nous devons absolument être présents et compétents sur ce créneau : si nous le laissons à d’autres prestataires, il finira par nous échapper, un peu à l’image de ce qui se passe actuellement avec le maintien à domicile.
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