JUSQU’À QUEL ÂGE se voient vieillir les Européens ? Sous quelles conditions veulent-ils vivre plus longtemps ? L’étude Pileje/IFOP 2011 a été menée sur un échantillon de 2 543 personnes âgées de 18 ans et plus, en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni. Premier résultat surprenant : seulement une courte majorité d’Européens (52 %) souhaite vivre très vieux, par exemple au-delà de cent ans. Ce sont les Italiens (62 %) et les Espagnols (63 %) qui espèrent arriver à un très grand âge, et c’est en Allemagne qu’on trouve le plus de réfractaires à une très longue vie (44 % seulement déclarent vouloir vivre très vieux). L’optimisme des peuples européens concernant leur espérance de vie est général, et une forte proportion (71 %) pense vivre plus longtemps que ses parents. Cet optimisme est confirmé par les estimations faites par les répondants s’agissant de leur propre âge de décès, et le record va à la France (85,3 ans) et à l’Espagne (85,5 ans). Assez étrangement, on observe qu’il n’y a qu’en France que les femmes déclarent un pronostic supérieur en moyenne à celui des hommes. Globalement, les Européens interrogés ont tendance à considérer la vieillesse comme un moment heureux, et ce sont les Allemands qui ont le jugement le plus positif (84 %), alors que, au Royaume Uni, la perception de cet âge de vie est moins positive (31 % considèrent que c’est rarement ou jamais un moment heureux), et en Italie, 12 % des répondants estiment que c’est dans la plupart des cas un moment malheureux.
Dans tous les pays concernés, les deux conditions indispensables les plus citées pour avoir une vieillesse heureuse sont la conservation des moyens physiques (56 %) et intellectuels (51 %). Le fait de disposer d’un minimum de ressources, celui d’être entouré de ceux qu’on aime ou de continuer à avoir une vie sociale sont évoqués dans de moindres proportions. La conservation de l’autonomie physique est davantage citée par les personnes les plus âgées (surtout en France, peut-être sous l’effet du débat actuel sur la dépendance), alors que les plus jeunes mettent en avant la conservation des moyens intellectuels ou de la vie affective. Interrogés sur l’action la plus importante pour vivre vieux et en bonne santé, les Européens sont une majorité relative à évoquer l’hygiène de vie en général (38 %) devant la pratique régulière d’un sport (22 %), et 77 % estiment que la phytothérapie, la nutrition et la micronutrition sont des pratiques bénéfiques en termes de longévité et de qualité de vie au grand âge. Dans tous les pays, les femmes se montrent plus nombreuses que les hommes à considérer que ces pratiques aident à mieux vieillir en meilleure santé.
Investir dans les quadras et les quinquas.
Anne-Marie Guillemard, professeur de sociologie à l’université Paris Descartes-Sorbonne, analyse les clivages révélateurs entre les différents pays européens. Elle interprète le souhait des pays du Sud à vouloir vivre au-delà de cent ans par le « familialisme » qui caractérise ces pays et leur type de protection sociale : le très grand âge est très entouré de sa famille et il peut être moins effrayant qu’ailleurs. D’autre part, ces pays ont connu une progression plus marquée et continue de l’espérance de vie à la naissance ces dernières années, et cette progression rend compte du plus grand optimisme dont font preuve les Espagnols. La sociologue explique également que le fait que les Allemands considèrent le temps de la vieillesse comme un moment heureux, est sans doute lié à leur système public de prise en charge de la dépendance au grand âge. Dans les années 1990, la couverture d’un 5e risque « maladie chronique de longue durée » a été mise en place au sein de l’Assurance Santé. « En Allemagne, on n’associe pas le grand âge au risque de dépendance, d’autres catégories de tranches d’âge couvrent ce risque, souligne la sociologue. Cela contraste avec le "reste à charge" pour les familles dans les autres pays. Le bien vieillir repose avant tout sur une stratégie préventive, il faut investir dans les quadras et les quinquas et pas seulement aux âges élevés. Il faut sortir d’une logique de coût financier pour adopter une logique de parcours de vie, et avoir une vision plus large pour assurer la protection sociale des individus. Le bien vieillir se prépare et il y a retour sur investissement social à long terme pour amoindrir les coûts. »
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