Une supplémentation en magnésium, bêta-carotène, vitamines, A, C et E pourrait empêcher la perte progressive de l’ouïe. Les antioxydants utilisés comme compléments nutritionnels permettrait d’améliorer les capacités auditives d’enfants souffrant d’une mutation particulière. C’est du moins ce que suggèrent les travaux d’une équipe de l’université du Michigan publiés dans « Scientific Reports ».
Les expériences chez la souris portaient sur le gène délété de la connexine 26. Les mutations de ce gène restent une des principales causes de surdité d’origine génétique. Les rongeurs avaient une meilleure audition avec cette alimentation riche en antioxydants. En revanche, d’autres souris, porteuses d’une autre mutation responsable de rares cas de surdité, ont montré une aggravation de la maladie après ce régime. Ces résultats confirment ceux d’une étude de l’année dernière où des scientifiques ont soumis un petit garçon atteint d’une mutation de la connexine 26 au même régime alimentaire.
L’alimentation connectée à la connexine 26
Ils ont constaté l’arrêt de la progression de la maladie, ainsi qu’une légère amélioration des capacités auditives de l’enfant. La prévalence de la mutation de la connexine 26 est supérieure à 3 % aux États-Unis. Tous les porteurs n’ont pas une surdité profonde, mais certains la développent progressivement. L’autre mutation testée évolue aussi de manière progressive et très rapidement à partir de 20 ans.« Beaucoup de bébés qui naissent avec une mutation génétique causant la surdité passent les tests auditifs mais perdent l’audition plus tard dans leur vie », précise le Pr Glenn Green, l’un des auteurs. Les cellules auditives présentes à la naissance pourraient être sauvegardées.
Perdre l’ouïe est souvent dû à un stress oxydatif ou à la génération de radicaux libres. Les scientifiques ont remarqué que les antioxydants diminuaient l’impact de stress oxydatif dans les cas de cancers ou de maladies inflammatoires.
Vitamines, bêta-carotène et magnésium
Certaines souris mutées pour la connexine ont été nourries par un régime de vitamines, bêta-carotène et magnésium à partir de 4 semaines après leur sevrage. Pour d’autres, la mère était déjà alimentée par des antioxydants et les souriceaux mutés ont été sevrés avec ce même régime.
Les rongeurs traités après sevrage avaient déjà perdu une bonne partie de l’audition lors du changement de régime. Mais la maladie a cessé d’évoluer par la suite et leur fonction auditive s’est même un peu améliorée. Les souriceaux dont la mère était déjà nourrie aux antioxydants avaient une meilleure audition à 4 semaines que les autres. « Ces résultats sont encourageants pour ceux d’entre nous qui s’occupent d’enfants atteints de perte auditive liée à la connexine 26, et peut-être à d’autres mutations pas encore testées », affirme le Pr Green.
Les chercheurs ont suivi le même protocole pour l’autre mutation. Pourtant les résultats montrent une détérioration de l’audition. Ces résultats opposés peuvent probablement s’expliquer par des mécanismes différents. Pour la mutation de la connexine 26, les antioxydants agissent en préservant des jonctions cellulaires altérées. Pour l’autre mutation qui entraîne une surexpression d’une protéine liée à l’actine, tout reste à découvrir.
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