Les ventes de compléments alimentaires vont augmenter en moyenne de 5 % par an pour atteindre près de 1,8 milliard d’euros en 2018. Ce sont les prévisions du cabinet Xerfi* et ce n’est pas la seule bonne nouvelle. L’étude souligne que les Français sont de plus en plus nombreux à plébisciter les compléments alimentaires, alors que leur taux de pénétration est encore faible (45 %), à comparer avec celui des États-Unis (75 %). « Cela signifie que 45 % des ménages français ont déjà acheté un complément alimentaire », note Rémi Vicente, l’auteur de l’étude, qui a recoupé les données fournies par les fabricants et distributeurs du secteur avec celles des enquêtes du CREDOC** et du Syndicat national des compléments alimentaires (SYNADIET). Le CREDOC souligne d’ailleurs, dans son « Baromètre de la perception des risques sanitaires », la confiance grandissante des Français pour ces produits : entre 2011 et 2015, ils sont passés de 39 % à 49 % à les juger « assez sûrs » ou « très sûrs ».
Or le principal circuit de distribution des compléments alimentaires n’est autre que l’officine. Selon Xerfi, les pharmacies occupent 53,4 % des parts de marché en 2016, loin devant la vente directe/par correspondance/sur Internet (17,4 %), les magasins spécialisés (16,2 %), les parapharmacies (6,5 %) et la grande distribution (6,5 %). SYNADIET n’a pas encore publié les chiffres de 2016, mais on note une progression de la part de marché des pharmaciens entre 2013 (48 %) et 2015 (52 %). Néanmoins, l’officine n’a pas retrouvé le niveau atteint en 2012 (près de 60 %), année de l’encadrement strict des allégations santé sur les compléments alimentaires.
Marques ombrelles
Le cabinet estime que les fabricants doivent s’appuyer sur les « relais d’influence », notamment les pharmaciens. Les mieux placés sont les laboratoires pharmaceutiques, habitués à travailler avec l’officine, capables de répondre au haut niveau d’exigence de la réglementation en termes d’essais cliniques, et sachant « combiner politiques marketing et innovation offensives pour se différencier ». Xerfi plébiscite d’ailleurs leur « stratégie push » qui s’appuie sur le réseau officinal : « Si certains bénéfices santé ne peuvent plus apparaître sur les étiquettes, le conseil du pharmacien devient déterminant. Une stratégie gagnante à l’heure où le consommateur, noyé sous les informations et conseils contradictoires, privilégie son pharmacien pour l’orienter. » De même, l’étude applaudit la « stratégie pull » qui rassure les consommateurs. Il s’agit pour les laboratoires d’étendre leurs marques ombrelles au-delà de la sphère du médicament et ainsi contourner sa stricte réglementation en termes de communication, en les enrichissant de compléments alimentaires. Une pratique pourtant décriée par les officinaux comme le montrent les réactions des syndicats (FSPF, USPO, FEDERGY) et de l’Ordre des pharmaciens qui n’y voient qu’abus, scandale, confusion et tromperie.
* « Le marché des compléments alimentaires à l’horizon 2018 – Financiarisation, stratégies de marque et de communication, innovations : quelles perspectives pour le marché et le jeu concurrentiel ? ».
** Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
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