Les indicateurs sont au rouge et poussent professionnels de santé et autorités sanitaires à multiplier les communications pour préserver la santé mentale des Français. À la mi-novembre, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est attardé sur la question, constatant que « la santé mentale des Français s’est dégradée » avec une hausse des syndromes dépressifs entre fin septembre et début novembre « chez tous les profils sociodémographiques » et en particulier chez les 18-24 ans et ceux dont la situation financière est difficile.
Cette dégradation est apparue dès le début de la crise sanitaire et le premier confinement. « Il s’agit de la plus grave crise sanitaire depuis 100 ans et de la plus grave crise économique en 80 ans, personne n’était préparé à vivre ça », souligne Nicolas Bouzou, économiste et directeur fondateur du cabinet de conseil Asteres. Citant par exemple le développement du télétravail, il note qu’il peut être mal vécu pour certains, parce qu’ils sont mal chez eux, parce que c’est trop petit, parce qu’ils sont seuls, ou au contraire nombreux avec la gestion des enfants qui n’allaient plus à l’école, parce qu’ils ont besoin des relations sociales au bureau. « On voit émerger des désordres psychologiques, un sentiment de paranoïa, des troubles du sommeil, et une explosion des burn out et des bore out (épuisement professionnel par l’ennui - NDLR) », ajoute l’économiste.
Rythmes de vie perturbés
Des constats confirmés par Éric Birlouez, sociologue de l’alimentation et ingénieur agronome. « La crise sanitaire et les mesures de confinement ont accentué la relation étroite entre santé mentale, sommeil et alimentation. » Les troubles du sommeil pouvant entraîner des désordres alimentaires, et inversement. Or, face à cette pandémie inédite, les peurs se sont multipliées : « Peur de la maladie, de la mort, de contaminer les autres, et même du déconfinement ; peur de manquer de biens essentiels, de masques, de gel hydroalcoolique… ; peur provoquée par le flux ininterrompu d’informations anxiogènes et par les incertitudes sur le virus exprimées notamment par les scientifiques », énumère le sociologue. À cela s’ajoutent l’isolement social, le télétravail, qui impose de nouveaux outils et une nouvelle organisation, l’inactivité, la perte d’activité et de revenus. Et, in fine, la perturbation des rythmes de vie habituels, avec de nouveaux horaires de lever, de coucher, de travail et une forte augmentation du temps passé devant les écrans. Résultat : des troubles alimentaires. « L’alimentation a joué un rôle d’anxiolytique, indique Éric Birlouez, on y cherche du réconfort, on veut tromper l’ennui, le grignotage a été favorisé par le temps passé devant les écrans et la proximité du frigo. On observe aussi une fracture alimentaire liée à l’explosion de la précarité : 5,5 millions de personnes ont bénéficié de l’aide alimentaire pendant la crise. »
Autre conséquence : des troubles du sommeil par la perte des rythmes habituels, des difficultés d’endormissement favorisées par l’usage des écrans, des réveils nocturnes et des dettes de sommeil qui s’accumulent. Or, rappelle Patrick Lemoine, psychiatre, docteur en neurosciences et spécialiste du sommeil, dormir correctement est fondamental. Non seulement pour se reposer, mais aussi pour réduire le stress, nettoyer les toxines, « mettre à jour notre ordinateur immunitaire », trier les souvenirs pertinents et globalement favoriser une bonne santé.
Une supplémentation adaptée
Selon un sondage Harris Interactive mené pour le Syndicat national des compléments alimentaires (SYNADIET) auprès de 1 037 Français, les 18 et 19 novembre derniers, plus d’un Français sur deux affirme que son stress a augmenté depuis le début de la crise et 42 % des personnes interrogées déclarent que la qualité de leur sommeil s’est dégradée. Ce qui altère leur vie professionnelle (64 %), leur vie sociale (60 %) et leur vie familiale (56 %). Depuis le début de la pandémie, 89 % d’entre eux ont eu recours à un traitement régulier ou à une supplémentation, au moins une fois par semaine, pour soulager le stress et leurs troubles du sommeil.
Christelle Chapteuil, présidente du SYNADIET, rappelle que « la prise en charge de ces troubles impacte fortement nos dépenses de santé et plus globalement notre économie ». Le SYNADIET a mené deux études médico-économiques avec le cabinet Frost & Sullivan et s’est intéressé à la supplémentation, d’une part en tryptophane (prévention du stress), et d’autre part en valériane (pour favoriser l’endormissement et la qualité de sommeil). Selon ces études, 11 millions de Français pourraient bénéficier d’une supplémentation en tryptophane, et cette supplémentation aurait pu générer 314 millions d’euros d’économie en 2019. La supplémentation en valériane aurait pu, quant à elle, entraîner 255 millions d’euros d’économie l’an dernier. Le SYNADIET conclut : « Le complément alimentaire permet de rationaliser l’usage des médicaments et apporte des réponses mesurées aux personnes en situation d’inconfort. Dans certaines situations non pathologiques, le complément alimentaire peut être recommandé en première intention, notamment dans les troubles du sommeil ou du stress, et ainsi limiter l’usage et les risques associés aux somnifères et benzodiazépines. »
D'après une conférence du Synadiet.
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