Insolite

L'odeur qui fait grossir

Par
Publié le 17/07/2020
Article réservé aux abonnés

Nos choix alimentaires seraient-ils conditionnés par les odeurs ?

Chacun d'entre nous l'a déjà expérimenté, le fumet d'un rôti ou les effluves de pâtisserie peuvent chatouiller nos narines jusqu'à déclencher la sécrétion salivaire. Mais la question que s'est récemment posée une équipe de chercheurs de l'INRAE* va un peu plus loin : « Est-ce que les odeurs que nous percevons de manière non attentive ont une influence sur nos choix alimentaires ? » Autrement dit, alors même que nous ne sommes pas conscients de les sentir, ces odeurs modifient-elles notre capacité à moduler nos choix alimentaires ? Les résultats de leur étude, parus le 9 juin dans « PLOS ONE », montrent que ce ne sont pas tant les odeurs, ni le statut pondéral du sujet, qui influencent cette capacité, mais plutôt la quantité d’informations qu’il doit traiter (la charge cognitive). Cet essai visait ainsi à mesurer l’impact des odeurs perçues de manière non attentive sur les capacités des individus à réagir ou à se retenir face à des images d’aliments. En pratique, les chercheurs ont fait réaliser une tâche cognitive informatisée à des individus de poids normal, en surpoids ou en obésité : ils devaient détecter des images cibles et ignorer des images distractives en fonction des consignes entendues, sans savoir qu’ils étaient exposés à des odeurs de poire (aliment peu calorique), de quatre-quarts (aliment calorique), ou pas d'odeur du tout. À cet exercice, les participants en surpoids et en obésité étaient plus lents lorsqu'ils avaient été respectivement exposés à une odeur de poire et de quatre-quarts que lorsqu’ils avaient été exposés à aucune odeur. Autre observation : la charge cognitive a une influence puisque les participants ont fait plus d’erreurs et ont eu plus de difficultés à se contrôler face aux images d’aliments quand ils avaient une quantité d’informations importante à garder en mémoire. Enfin, concluent les auteurs : « Bien que l’attention des individus en obésité soit automatiquement plus attirée par des images d’aliments caloriques lorsqu’ils sont exposés à une odeur d’aliment gras-sucré, cela ne semble toutefois pas affecter leurs capacités de contrôle. »

* Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien