LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Quelle est la portée de l’événement attendu le 14 décembre prochain sur le marché des compléments alimentaires ?
LOÏC BUREAU . – Le règlement européen sur les allégations santé pour les denrées alimentaires entrera en vigueur à cette date. Dès lors, seules celles autorisées dans la liste seront admises. L’agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) évalue depuis plusieurs années les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires (compléments alimentaires, aliments santé, aliments fonctionnels). Plus d’un millier d’avis ont été formulés par l’EFSA et sont consultables sur son site. Mais la majorité des allégations - plus de 75 % - a été refusée (avis négatifs). Celles qui sont autorisées ont fait l’objet d’une liste publiée au « Journal officiel », avec le détail des nutriments et des substances concernées, ainsi que leurs conditions d’utilisation. On saura, par exemple, que l’acide alphalinolénique (ALA) contribue au maintien d’une cholestérolémie normale et que l’effet bénéfique est obtenu par la consommation journalière de 2 grammes d’ALA.
Quelles conséquences auront ces décisions sur le marché ?
Tout d’abord, les allégations qui ne satisfont pas doivent disparaître des éléments visuels liés au produit, emballage, étiquetage, notice, publicité. Beaucoup sont concernées, comme « confort articulaire », « confort intestinal », « vision »… Ensuite, il faut s’attendre à une uniformisation des informations sur les produits car, pour l’instant, seulement 222 allégations dites « génériques » sont autorisées. Elles concernent les nutriments, essentiellement les vitamines et les minéraux. Une des allégations pour la vitamine C est qu’elle « contribue à maintenir le fonctionnement normal du système immunitaire pendant et après un exercice physique intense ». Une autre nous indique qu’elle « contribue à un métabolisme énergétique normal ». Ces informations vont-elles renseigner sur la formule, caractériser le produit ou contribuer à sa vente ? Certainement pas de manière suffisante ! Elles sont aussi vagues que le reste des allégations génériques qui, en simplifiant, reviennent à dire que tous les nutriments contribuent au bon fonctionnement de l’organisme ! Les pharmaciens vont devoir redoubler d’efforts pour expliquer et vendre ces compléments alimentaires.
Comment les pharmaciens peuvent-ils s’adapter à ces changements ?
En simplifiant leur référencement de produits, en rationalisant leur assortiment. Ils doivent sélectionner des produits qui présentent un intérêt pour le consommateur et suivre ainsi une démarche de conseiller santé. Il faut maintenant sortir du schéma « marketing-dépendant » pour privilégier une attitude de conseiller proactif (dans le sens des nouvelles missions du pharmacien, telles qu’elles sont définies par la loi HPST). Cela ne peut se faire sans compétence et donc sans formation. Le marché des compléments alimentaires est à un tournant décisif et le premier secteur de distribution concerné est la pharmacie, qui sera largement impactée.
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