Presbyacousie

Correcteur de surdité : le ton monte entre audioprothésistes et pharmaciens

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Publié le 22/03/2018
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Les audioprothésistes réagissent à la mise sur le marché en officine d’un correcteur de surdité et en contestent la prise en charge par l'assurance-maladie.

Cette nouvelle polémique fait écho à l’affaire Sonalto. Le mois dernier, le Laboratoire Évolupharm, dont le groupement éponyme compte 2 000 adhérents, annonce la mise sur le marché d’Audibest by Louis. Cet appareil électronique s’adresse aux patients atteints de presbyacousie auxquels il permet de gagner 35 décibels.

Contrairement aux audioprothèses qui sont adaptées individuellement au déficit auditif du patient, Audibest By Louis est préréglé. Il peut donc être prescrit par un médecin généraliste et délivré dans une officine. Mais surtout ce dispositif médical a bénéficié d’une évaluation par le Laboratoire national d'essais (LNE) qui lui permet une prise en charge par la Sécurité sociale à hauteur de 60 % sur la base de son prix de 199,71 euros par oreille, soit 119,83 euros. Il est en effet classé en LPP dans la catégorie des appareils électroniques correcteurs de surdité.

Il n’en fallait pas davantage pour provoquer des interférences avec les audioprothésistes. Leur journal professionnel « Audio infos » brandit la réponse de l’assurance-maladie qu’il a interpellée sur le sujet : « En l’état, les conditions de prise en charge des audioprothèses à la LPP requièrent l’intervention d’un audioprothésiste et plusieurs séances d’écoute du patient, de test auditif et d’essai et réglage (...). L’appareil ici présenté ne répond pas à ces conditions. Il s’agit d’un dispositif médical intermédiaire, entre les prothèses auditives relevant des audioprothésistes et les assistants d’écoute dont la distribution est libre. » Selon « Audio Infos », l’assurance-maladie est implacable : « Cet appareil doit être évalué par la HAS et éventuellement inscrit en tant que tel à la LPP. En attendant, il ne peut pas être remboursé. » Une position que confirme au « Quotidien du pharmacien » le service de la communication de la CNAMTS.

En attendant un reste à charge zéro

Mais Jean-Pierre Juguet, directeur marketing d’Évolupharm, ne l’entend pas de cette oreille. Il affirme que le dossier est « sur le bureau de Nicolas Revel, directeur général de l’Union nationale de caisses d’assurance maladie, et d’Agnès Buzyn, ministre de la santé ». Du reste, les CPAM du Bas-Rhin, de la Mayenne et du Puy-de-Dôme ont déjà donné leur aval et plusieurs pharmaciens ont déjà été remboursés. Évolupharm s’apprête à produire les documents prouvant cette prise en charge par les CPAM.

Pour Jean-Pierre Juguet, cette affaire relève avant tout de malentendus. Et de problèmes de communication entre les services de l’assurance-maladie. Il y a par ailleurs, selon lui, une confusion sur la nature de l’appareil. Celui-ci ne concurrence aucunement les audioprothèses. Le directeur marketing d'Évolupharm en veut pour preuve qu’Audiobest s’adresse à un marché de deux millions de personnes qui ne sont pas équipées d’audioprothèses, « soit parce qu’elles n’en ont pas fait la démarche, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens financiers ».

Refusant la cacophonie, il invite les audioprothésistes à distribuer ce produit. À moins que ceux-ci n’aient d’autres projets en tête en prévision du reste à charge zéro promis par Emmanuel Macron sur les audioprothèses.

M. B.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3421