Sera-t-il possible un jour de guérir le diabète de type 1, avec un pancréas artificiel ? « Au cours des dernières années, des avancées remarquables ont eu lieu dans ce domaine mais il faut rester très prudent avec ce terme de guérison. Les patients ne seront pas guéris mais pourront oublier leur diabète dans une large mesure et vivre au quotidien de manière beaucoup plus autonome », souligne le Dr Jean-Pierre Riveline, coordonnateur du Centre universitaire du diabète et de ses complications (CUDC) à l’hôpital Lariboisière à Paris. « Et il est primordial que les médecins généralistes se tiennent au courant de ces évolutions importantes car ils assurent le suivi d’un grand nombre de patients diabétiques de type 1 », ajoute-il.
Pour bien comprendre ce qu’on désigne sous cette appellation de « pancréas artificiel », il faut rappeler les grandes étapes qui ont permis, ces trente dernières années, de modifier en profondeur la vie quotidienne des diabétiques de type 1. La première avancée a été l’arrivée des pompes à insuline, à partir des années 1980 et 1990. Aujourd’hui, elles se présentent sous la forme d’un petit appareil de la taille d’un téléphone portable, qui se porte à la ceinture. « Ces pompes permettent une insulinothérapie continue, grâce à un lent débit de base qui va agir en permanence. Elles s’adressent principalement aux patients en situation d’instabilité glycémique, qui vont faire des hypoglycémies sans qu’on n’en connaisse les raisons », précise le Dr Riveline.
La deuxième étape a été, dans les années 2000, l’arrivée de capteurs, connectés ou non à la pompe à insuline, ayant pour fonction d’assurer une mesure en continu de la concentration de glucose interstitiel. « Le pancréas artificiel est un dispositif qui va assurer ces deux fonctions : analyser en continu le débit en insuline et la mesure du glucose interstitiel mais en s’appuyant sur des algorithmes qui vont calculer et envoyer automatiquement la dose d’insuline nécessaire au patient », explique le Dr Riveline.
Il existe aujourd’hui deux grands types de pancréas artificiels. « Il y a d’abord un système de boucle fermée hybride, qui permet une insulinothérapie en continu durant la nuit. Le système fonctionne automatiquement, ce qui est très rassurant notamment pour les parents d’enfants diabétiques. Le système s’arrête quand le patient est en hypoglycémie et envoie de l’insuline quand il est en hyperglycémie. Dans la journée, le patient reprend la main et fait lui-même ses bolus de façon manuelle lors des repas. Le deuxième système est entièrement automatique et fonctionne en boucle fermée la nuit comme le jour. Dans la journée, au moment des repas, le patient va initier les bolus avant que l’appareil ne reprenne le relais », détaille le Pr Riveline.
Ces dernières années, plusieurs essais ont eu lieu dans le monde pour évaluer l’efficacité de ces dispositifs chez les adultes ou chez les enfants, d’abord dans un cadre hospitalier. « Depuis deux ou trois ans, on voit émerger des essais réalisés en ambulatoire avec des résultats très convaincants », souligne le Dr Riveline. Très en pointe dans ce domaine, le Pr Éric Renard et son équipe du CHU de Montpellier ont ainsi pu réaliser des études « hors les murs » de l’hôpital dans des conditions proches du domicile, chez des adultes hébergés à l’hôtel. D’autres études américaines ont inclus des adolescents dans des camps de vacances. « Une équipe britannique a récemment évalué un pancréas artificiel pour des adolescents et des jeunes adultes pendant plusieurs semaines. Ces travaux ont été récemment publiés dans le New England Journal of Medicine », souligne le Dr Riveline.
À quelle échéance ce pancréas artificiel sera-t-il accessible aux patients ? « Aujourd’hui, cette innovation existe, et elle a prouvé son efficacité pour améliorer l’équilibre glycémique et l’autonomie des patients inclus dans ces essais. Ensuite, il est difficile de dire quand l’ensemble des patients pourront en bénéficier. Les premiers remboursements de boucle fermée pourraient être disponibles aux États-Unis dans les deux ou trois prochaines années. Pour la France, la situation est plus incertaine car on ne peut pas dire que les pouvoirs publics se mobilisent pour favoriser le remboursement de ces dispositifs innovants. Le coût de ces systèmes est souvent est jugé trop élevé par les autorités », souligne le Dr Riveline, en déplorant que les capteurs ne « sont pas toujours pas remboursés alors qu’ils ont démontré leur efficacité depuis au moins huit ans ».
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %