La Haute Autorité de santé (HAS) a donné suite au droit d’alerte exercé par la fédération d’associations de patients France Assos Santé sur l’opportunité de mieux guider les professionnels de santé dans l’identification et la prise en charge des complications liés aux fluoroquinolones.
Ces dernières années, les autorités sanitaires et notamment l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont alerté à de multiples reprises sur des effets indésirables graves, bien que rares, liés à la prise de fluoroquinolones (tendinopathies, troubles cardiaques et cardiovasculaires, neuropathies périphériques, photosensibilisation, troubles neuropsychiatriques). Fin mars, une enquête a été ouverte par le pôle santé publique du parquet de Paris suite à une vingtaine de plaintes de patients, tous victimes de graves effets secondaires et qui accusent des médecins de leur avoir prescrit des fluoroquinolones (ciprofloxacine, délafloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, ofloxacine) sans tenir compte des recommandations officielles. Dans la foulée, France Assos Santé avait décidé d’exercer son droit d’alerte auprès de la HAS, affirmant « avoir regroupé 600 témoignages de personnes gravement touchées par ces effets iatrogènes complexes ». Avec cette démarche, la fédération d’association de patients voulait permettre « une réflexion de fond », avec pour objectif une meilleure sensibilisation des prescripteurs à ce problème et une plus grande considération de ce problème de toxicité.
Dans un avis publié sur son site, la HAS a dévoilé les suites données au droit d’alerte exercé par France Assos Santé. Compte tenu des enjeux, l’autorité sanitaire explique avoir décidé « d'inscrire à son programme de travail l'élaboration d'un document d'information destiné aux professionnels de santé susceptibles de rencontrer les patients concernés par des complications potentiellement liées aux fluoroquinolones ». Ce document sera élaboré en collaboration avec les conseils nationaux professionnels et les associations d'usagers et visera « à sensibiliser les professionnels à l'importance de repérer ces complications, les inciter à les signaler via le dispositif de pharmacovigilance et leur préciser les conduites à tenir en matière de prises en charge des patients ».
En revanche, la HAS explique être dans l’impossibilité « de dégager une approche systémique pour asseoir scientifiquement des recommandations » concernant la prise en charge médicale des complications des fluoroquinolones, Selon l’autorité, « il ne ressort aucune recommandation internationale ou nationale, ni revues systématiques d’études cliniques, qui traitent de la prise en charge médicale des complications des fluoroquinolones (…). L’élaboration d’une telle recommandation se heurte à un obstacle de faisabilité en l’absence de données scientifiques et du fait de la grande diversité des complications possibles », juge la HAS.
L’autorité sanitaire ne peut donc pleinement accéder à la demande de France Assos Santé, qui espérait la diffusion de recommandations très précises à l’attention des prescripteurs. Au vu des connaissances sur les fluoroquinolones et leurs effets indésirables potentiels, la HAS tient néanmoins à alerter une nouvelle fois les praticiens « sur la nécessité d'observer une attitude de grande prudence dans la prescription de fluoroquinolones, dans le respect des indications et règles d'utilisation. » Un message qui sera donc rappelé dans le nouveau document d’information qui sera rédigé puis envoyé par la HAS. Cette dernière rappelle par ailleurs que l’ANSM conduit actuellement une expertise de pharmacovigilance et des travaux de pharmaco-épidémiologie, dont les résultats seront déterminants pour identifier la nature et les liens entre les fluoroquinolones et les effets indésirables graves.
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