Après plus de six années d’instruction, l’Autorité de la concurrence vient d’annoncer de lourdes amendes à l’encontre des laboratoires Novartis, Roche et Genentech pour abus de position dominante afin de préserver la position et le prix de Lucentis en freinant l’utilisation hors AMM d’Avastin.
Saisie par le ministère de l’Économie et des Finances en mars 2014 sous l’impulsion de la ministre de la Santé de l’époque Marisol Touraine, l’Autorité de la concurrence a rendu son verdict ce matin et présenté de lourdes sanctions : 385 millions d’euros à l’encontre de Novartis et près de 60 millions d’euros à l’encontre de Roche et Genentech. Le délai d’instruction a été particulièrement long, surtout si l’on compare avec la prise de décision de l’Autorité de la concurrence italienne sur le même sujet datant de mars 2014. Celle-ci a condamné Roche à une amende de 92 millions d’euros et Novartis à 90,5 millions d’euros pour avoir conclu un accord visant à empêcher l’utilisation hors AMM d’Avastin (Roche) dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) pour laisser le champ libre à Lucentis (Novartis), dont le prix est bien plus élevé. « 1 161 euros l’injection pour Lucentis contre 30 à 40 euros l’injection pour Avastin », rappelle la présidente de l’Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva.
Les reproches relevés à l’encontre des laboratoires sont nombreux et concernent d’abord les pratiques consistant à intervenir sur la liberté de prescription des médecins. Des fichiers et cartographies ont ainsi été établis pour repérer rapidement les spécialistes susceptibles de prescrire de l’Avastin dans la DMLA pour détourner leur attention, voire les en dissuader. « Les documents auxquels nous avons eu accès ne font aucun doute. Les médecins qui souhaitent prescrire de l’Avastin sont appelés les Avastin Lovers, ils sont ciblés pour que les équipes commerciales et scientifiques leur tiennent le même discours qui s’appuie sur le risque de la prescription hors AMM et les conséquences récemment mises à jour avec l’affaire Mediator », décrit la présidente.
Dénigrant les études qui ont établi les équivalences entre Avastin et Lucentis, Roche se refusera à demander une AMM pour Avastin dans la DMLA, ce dont on ne peut le contraindre. C’est pour répondre à ce cas exceptionnel que sera créée en 2015 la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dont bénéficie Avastin. Un parcours du combattant pour y parvenir, selon l’Autorité de la concurrence qui souligne « la stratégie de blocage mise en œuvre par les trois laboratoires auprès des pouvoirs publics ». Des pratiques « graves qui ont pesé sur les comptes sociaux » pendant de nombreuses années, et qui ont atteint leur objectif : les prescriptions d’Avastin dans la DMLA, qui ont pu atteindre 15 à 20 % des prescriptions dans cette indication, ont été réduites à néant. L’Autorité de la concurrence s’attend maintenant à ce que les trois laboratoires concernés entreprennent des recours.
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