Le céfidérocol représente un nouvel espoir dans la lutte contre les infections à bactéries résistantes aux antibiotiques de dernier recours. Son atout : une activité contre des pathogènes à gram négatif.
Les praticiens déplorent un manque criant d'antibiotiques dans les infections à gram négatif. Thierry Naas, praticien hospitalier spécialiste de l’antibiorésistance, expliquait lors d'une séance penta-académique que « les molécules qui sortent aujourd’hui sont celles pour lesquelles la recherche a commencé il y a une quinzaine d’années, elles répondent donc à la problématique de l’époque, à savoir la résistance du staphylocoque doré à la méticilline (SARM) ; aujourd’hui, le problème se pose pour les bactéries à gram négatif pour lesquelles nous sommes face à une pénurie d’antibiotiques » (lire notre article « abonné »).
L'arrivée de Zavicefta fin 2016 - indiqué dans les infections intra-abdominales compliquées, les infections urinaires compliquées dont la pyélonéphrite, les pneumopathies nosocomiales et les infections à bactéries aérobies à gram négatif - a donc été une bonne nouvelle. Et la recherche continue d'avancer. Preuve en est avec la publication, jeudi dernier, dans « The Lancet Infectious Diseases », des bons résultats de phase 2 du laboratoire japonais Shionogi avec son céfidérocol. Celui-ci annonce qu'il va déposer une demande de commercialisation aux États-Unis s'appuyant sur ces résultats. Le céfidérocol est une céphalosporine sidérophore ayant une activité contre une large variété de pathogènes à gram négatif « y compris ceux hautement résistants aux agents actuellement disponibles, comme la colistine et les souches résistantes aux carbapénèmes de Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii, entérobactéries résistantes aux carbapénèmes et Stenotrophomonas maltophilia », souligne le groupe japonais.
L'étude menée de février 2015 à août 2016 dans 67 hôpitaux de 15 pays a permis de tester le céfidérocol sur 300 patients quand 148 autres recevaient l'association imipénem-cilastatine pendant 7 à 14 jours. Tous ces patients étaient hospitalisés pour une infection urinaire compliquée avec ou sans pyélonéphrite, causée par plusieurs bactéries à Gram négatif multirésistantes. À 7 jours, l'objectif a été atteint pour 73 % des patients sous céfidérocol et 55 % de ceux sous imipénem-cilastatine. C'est surtout le mode d'action du céfidérocol qui crée l'innovation : il est capable de déjouer tous les mécanismes d'antibiorésistance des bactéries à gram négatif. Selon l'un des auteurs de l'étude, « il agit comme un cheval de Troie », se liant au système de transport du fer produit par la bactérie pour s'y introduire. Une fois à l'intérieur, il n'a plus qu'à interrompre la synthèse du peptidoglycane composant la paroi de la bactérie pour qu'elle meure.
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