« LA JOURNÉE nationale de l’UTIP est un temps de réflexion et de formation, s’adressant aux pharmaciens, non seulement en tant que professionnels de santé, mais aussi en tant que citoyen, le plaçant dans son rôle sociétal et de conseil social », explique Thierry Barthelmé, président de l’UTIP. Cette 4e édition, placée sous le haut patronage de Roselyne Bachelot, est consacrée à l’infertilité. La matinée s’attache aux causes, aux traitements et à l’accompagnement du couple. L’après-midi pose la question des limites entre progrès scientifiques et éthique et de l’intervention légale en ce domaine.
« Les spécialistes du désir d’enfant voient leurs effectifs s’effriter et il est de plus en plus compliqué d’obtenir un rendez-vous. C’est pourquoi les pharmaciens sont désormais en première ligne face au désir d’enfant », souligne Edwige, députée de Paris, qui a déposé une proposition de loi visant à interdire les châtiments corporels sur les enfants, et praticienne connue pour avoir été la pédiatre du 2e bébé-éprouvette. La présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, confirme cet état de fait : « Ces questions reviennent souvent au comptoir, que ce soit sur la médecine abortive, l’accompagnement de fin de vie ou l’aide à la procréation ».
Alors que le Parlement est en train de procéder au réexamen de la loi de bioéthique, Edwige Antier souligne les revendications nouvelles issues de la société concernant la gestation pour autrui ou l’adoption par un couple homosexuel. « Avant de bousculer les frontières, nous pensons d’abord à l’enfant et son devenir. Le droit de l’enfant prime sur le droit à l’enfant. »
Fixer un âge légal.
Véronique Fournier, cardiologue et médecin de santé publique, confirme. Engagée dans l’humanitaire avant de rejoindre le cabinet Kouchner en 1999, elle a participé à la préparation de la loi des malades (2002) et la révision de la loi bioéthique (2004). Auteur de plusieurs ouvrages, dont « Bazar bioéthique » qui vient de paraître, elle est la fondatrice du Centre éthique clinique de l’hôpital Cochin, à Paris, qu’elle dirige. « Nous remontons des informations de terrain pour que le législateur légifère avec la connaissance de ce qui se passe en pratique. Nous sommes aussi sollicités en cas de conflit ou sur une prise de décision délicate. C’est le cas pour un chirurgien qui doit décider d’opérer ou non lorsqu’une jeune femme qui a trois jeunes enfants à élever veut donner un morceau de son foie à son vieux père malade. »
Élisabeth Deflers, avocate et présidente de l’Institut du droit de la famille et du patrimoine, est choquée que cette responsabilité soit laissée au professionnel de santé. Actuellement, la PMA revient, d’un point de vue législatif, à traiter une pathologie pour un couple en âge de procréer. Or, si l’âge technique est bien limité chez la femme par la ménopause, est-ce au médecin de déterminer un âge social ? « Il s’agirait d’un âge auquel on a des chances normales d’accompagner l’enfant jusqu’à l’âge adulte. La loi ne donne pas de limite, mais la Sécurité sociale ne rembourse plus au-delà de 43 ans, ce qui n’a pas d’impact si on a de l’argent et le médecin qui accepte de nous assister. On l’a vu dans les médias avec des mères à 63 et 67 ans. Une Indienne de 70 ans vient d’avoir des jumeaux. Il est nécessaire de fixer un âge légal pour éviter au médecin d’endosser ce rôle et parce que les patients acceptent mieux une loi qu’un avis médical qui peut changer d’un hôpital à l’autre. »
Progrès scientifiques.
Jean-Marie Kunstmann, directeur du Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme de l’hôpital Cochin, exerce dans l’assistance médicale à la procréation depuis 35 ans et souligne les bouleversements dans ce domaine. D’abord par le biais des progrès scientifiques puisqu’il devrait bientôt être possible de congeler des ovocytes. « Nous sommes confrontés à des situations nouvelles, comme le fait de conserver les gamètes d’hommes qui vont suivre une chimiothérapie ou subir une prostatectomie. Aujourd’hui, il n’existe pas de limite de temps à la conservation de ces gamètes. La semaine dernière, j’ai remis ses gamètes à un homme de 72 ans et sa compagne de 41 ans. Doit-on aider à la procréation lorsque les conditions naturelles ne sont pas réunies ? »
L’évolution est palpable car ces cas sont les plus fréquents au CECOS, alors que la PMA concernait, à ses débuts, de jeunes couples qui ne parvenaient pas à avoir d’enfants. Il est courant de voir arriver des couples proches de la quarantaine qui ont trop tardé à satisfaire leur désir d’enfants, « pour avoir le travail, le pavillon et la chambre déjà prête ». Or, chez la femme, l’âge de la procréation n’est pas extensible, ses chances d’être mère diminue avec la baisse d’ovulation qui débute aux alentours de 35 ans pour aboutir à la ménopause.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %