LE MARCHÉ PHARMACEUTIQUE français, après une croissance nulle pendant deux ans, entre en récession, « sous l’effet des décisions de pouvoir publics relatives aux baisses de prix et aux déremboursements ». Robert Chu, président d’IMS Health France, estime la déflation à -2 % en valeur en 2012. « Les efforts de maîtrise médicalisée et de réduction des dépenses de santé produiront leurs effets jusqu’en 2015. Mais nous assistons en parallèle à une panne de l’innovation. Ainsi, la croissance des médicaments hospitaliers, traditionnellement plus forte, s’essouffle pour s’établir autour de 3 % en 2012 », ajoute-t-il. En effet, la consommation de médicaments est en baisse, tout comme les prix. L’effet des CAPI (Contrat d’amélioration des pratiques individuelles) se fait ressentir. De même, la croissance des médicaments génériques stagne, ils subissent aussi l’effet de stigmatisation du médicament en général, à la suite de l’affaire Mediator. L’impact de l’augmentation des mentions non substituables, bien que réelle, reste modeste. La pénétration générique tourne autour de 14 % en France. « On observe aussi un nombre important de prescriptions initialement hospitalières qui arrivent en ville », note Robert Chu. En valeur, la croissance de ce transfert était de 7,9 % entre 2009 et 2010, il est de 5,1 % entre 2010 et 2011.
Inédit.
Le marché français est dépendant du prescrit remboursé. Le chiffre d’affaires en prix public des officines est de 35,3 milliards d’euros en 2011, dont 85 % sont composés de médicaments (dont 70 % sont prescrits). La déflation prévue en 2012 a pour cause un « ONDAM 2012 fixé à 2,5 %, des mesures d’économies de 2,7 milliards d’euros, des ajustements tarifaires qui représentent 2 à 2,5 points de croissance du marché, des déremboursements à hauteur de 40 millions d’euros et de nouvelles taxes pour 150 millions d’euros », énumère Robert Chu. Globalement, ce sont 27 milliards d’euros d’économies (ou de recettes supplémentaires) qui sont attendus en 2012-2015, afin de réduire le déficit du régime général de 18,5 milliards d’euros à 6 milliards.
Pour Claude Le Pen, économiste de la santé, si la déflation du marché pharmaceutique français est « un événement inédit », il rappelle cependant que « tous les marchés européens sont touchés, mais avec des calendriers différents ». Il cite ainsi l’Allemagne, qui « a eu une politique de baisse de prix un peu antérieure à la nôtre. La France va rester dans la partie basse de la fourchette au moins pour 2012 et 2013 ».
En revanche, les perspectives à 2015 concernant le marché mondial du médicament prévoient une croissance comprise entre 3 et 6 %, grâce aux progressions à deux chiffres des pays émergents, en particulier du bloc Brésil, Russie, Inde et Chine (BRIC). Les marchés matures (Amérique du Nord, Europe continentale et Japon) devraient afficher une croissance comprise entre 1 et 5 % sur la même période. Le marché mondial atteindra ainsi « le chiffre mythique des 1 000 milliards de dollars en 2014 », souligne Robert Chu.
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