En l’espace de 10 ans, la France a perdu sa place de premier producteur européen de produits de santé et se retrouve en 4e position. Les industriels ont alerté à de multiples reprises le gouvernement d’un manque d’attractivité et de compétitivité de la France. Aujourd’hui, le pays veut se donner les moyens de reprendre sa place de « première nation innovante en santé en Europe ». « Si la crise que nous traversons depuis un an a révélé les fragilités de nos industries de santé, elle a aussi validé la ligne directrice choisie par le gouvernement depuis 3 ans », affirme François Rosenfeld, directeur de cabinet de la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Preuve en est avec le retour du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) en 2018, espace de concertation et de dialogue entre le gouvernement et les entreprises, et la préparation du prochain CSIS prévu en juin. Mais avec la crise, il a fallu agir vite. « Dès mars 2020, nous avons lancé des dispositifs d’accompagnement pour renforcer nos capacités de production avec un programme de plus de 150 millions d’euros », indique François Rosenfeld. Un programme qui a notamment permis aux sous-traitants Delpharm, Recipharm et Fareva d’être en capacité de répondre aux besoins de Pfizer, Moderna et Curevac pour la production de leurs vaccins contre le Covid. « Nous avons lancé en février un 2e appel à manifestation d’intérêt dont les moyens sont cette fois portés à 300 millions d’euros », souligne le directeur de cabinet. À cela s’ajoute le plan de relance mis en place en septembre dernier dont le dispositif « Résilience », en faveur de la relocalisation, a dédié une enveloppe de 100 millions d’euros à des projets du secteur de la santé.
Stratégie européenne
Sur le plus long terme, l’accompagnement passe par l’accord-cadre entre le LEEM et le Comité économique des produits de santé (CEPS) signé le 5 mars, qui reflète « une volonté d’accélération et de réinvestissement massif dans le développement, l’innovation et les industries de santé en France » à travers des mesures pour prendre en compte l’empreinte industrielle et la valeur thérapeutique dans la fixation du prix des médicaments.
La France assure par ailleurs porter des démarches similaires au plan européen. Une stratégie que la France compte accentuer au premier semestre 2022 lorsqu’elle occupera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour six mois. « Nous avons des objectifs ambitieux pour renforcer l’autonomie stratégique européenne », affirme François Rosenfeld, qui veut croire à une « souveraineté européenne dans la santé d’ici à 2030 ». Pour cela, note Didier Véron, président du G5 Santé, il faut « une industrie puissante capable de développer des produits de santé essentiels en cas de crise et une organisation des soins solides assurant la mise à disposition des traitements en première ligne grâce à des stocks stratégiques et un personnel formé ».
* D’après une soirée-débat organisée par l’Association des cadres de l’industrie pharmaceutique (ACIP) le 16 mars dernier.
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