DEUX TIERS des titulaires se déclarent peu ou pas informés sur la loi HPST et seulement 22 % d’entre eux pensent connaître ses implications pour l’officine. C’est ce que montre une enquête IPSOS analysant 863 questionnaires, récoltés auprès de titulaires d’officine du 13 janvier au 15 mars 2011. Malgré cette méconnaissance, 64 % des titulaires considèrent que la loi HPST va modifier leur rôle. À juste titre, puisqu’elle leur ouvre de nouveaux champs d’action, comme la participation aux soins de premier recours, à la coopération entre professionnels de santé, ou à l’éducation thérapeutique.
Parmi les pharmaciens interrogés, 94 % estiment d’ailleurs que les soins de premier recours font déjà partie de leur activité quotidienne et 78 % souhaitent les développer. Cependant, les moyens de financement pour des expérimentations de soins de premiers recours sont largement méconnus : seulement 14 % des pharmaciens connaissent l’existence du Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS) et 40 % envisagent d’en bénéficier. Pourtant, les soins de premiers recours regroupent des activités très variées, qui pourraient faire l’objet d’expérimentations : prévention, dépistage, traitement et suivi de patients, mais aussi dispensation et administration des produits de santé, conseil pharmaceutique ou encore éducation pour la santé.
Par ailleurs, les pharmaciens ont le sentiment de s’investir déjà dans leurs nouvelles attributions, non reconnues avant la loi HPST : 87 % des sondés indiquent qu’ils font régulièrement du conseil à visée diagnostique, 85 % renouvellent les contraceptifs oraux sur présentation d’une ancienne ordonnance et 82 % adaptent la posologie, en raison d’effets indésirables, après avoir appelé le médecin. En outre, 80 % effectuent le renouvellement exceptionnel de traitements chroniques pour des clients connus n’ayant pas d’ordonnance et 75 % proposent déjà des actions de dépistage.
L’ETP plébiscitée.
Concernant l’éducation thérapeutique du patient (ETP), les pharmaciens interrogés sont également 91 % à juger qu’ils en font déjà. Cependant, ce résultat élevé doit être nuancé car de nombreux pharmaciens confondent ETP et conseil au comptoir. Pour Martial Fraysse, membre du conseil central A de l’Ordre des pharmaciens, ce taux est encourageant. « Même s’il y a des confusions dans le vocabulaire, le pharmacien a toujours essayé d’éduquer au mieux les patients et, en ce sens, il fait déjà un peu d’ETP. Tout le monde ne participera pas à des programmes d’ETP évalués, mais les actions d’accompagnement et d’apprentissage font aussi partie de l’éducation thérapeutique. »
Afin de participer davantage à l’ETP, les pharmaciens réclament une meilleure collaboration avec le corps médical, une formation spécifique de l’équipe officinale et une rémunération dédiée. Martial Fraysse regrette pour sa part que « les hôpitaux et les réseaux se soient emparés de l’ETP, en laissant peu de place aux pharmaciens », mais il souligne cependant que « 800 pharmaciens sont déjà intégrés dans des programmes validés ». « Pour le moment, il faut encourager les pharmaciens souhaitant faire de l’ETP à contacter les services hospitaliers et les réseaux qui en font, car ils sont prêts à les former », indique-t-il.
Renforcer les liens avec l’hôpital.
Cependant, le contact avec les hôpitaux pourrait se heurter à quelques obstacles, car les officinaux y sont peu habitués. 70 % d’entre eux ont des relations « peu ou pas fréquentes » avec les hôpitaux et les deux tiers ne les jugent pas satisfaisantes. Les officinaux restent très mitigés sur le fait que la loi HPST va renforcer leurs liens avec les établissements hospitaliers, avec seulement 48 % de pharmaciens convaincus. Pour près de sept officinaux sur dix, le renforcement de ces liens devrait passer en priorité par un changement de mentalité des hospitaliers, contre seulement 32 % qui estiment qu’un changement de mentalité des confrères serait nécessaire. Pour la moitié des pharmaciens interrogés, la mise en place de réunions régulières avec des hospitaliers correspondants pourrait aider à renforcer les liens ville-hôpital.
L’enquête démontre donc que, malgré leur méconnaissance de la loi HPST et leur besoin d’information, les officinaux sont en majorité prêts à sauter le pas et à s’investir dans leurs nouvelles missions. Pour Jacques Fabre, directeur général du groupe Pierre Fabre, « la loi HPST apporte un cadre, qu’il faut transformer en véritable accélérateur de croissance pour l’officine ». La balle est désormais dans le camp des officinaux.
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