Alors que la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer pose encore question, des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) à New York suggèrent dans « Nature Medicine » la contribution d’une épilepsie précoce silencieuse au niveau de l’hippocampe dans la progression de la maladie.
L’équipe dirigée par Andrew Cole tire ses conclusions de l’observation de deux patientes âgées d’une soixantaine d’années atteintes de la maladie neurodégénérative, pour lesquelles l’activité cérébrale a été enregistrée simultanément par EEG du scalp et à l’aide d’une nouvelle technique intracérébrale qualifiée de « peu invasive » permettant l’étude du lobe temporal médian.
Pour Andrew Cole, directeur du service Épilepsie au MGH et l’auteur principal : « Bien qu’il ne soit pas surprenant de trouver une dysfonction cérébrale dans les circuits neuronaux dans la maladie d’Alzheimer, notre résultat inédit montrant que des circuits impliqués dans la mémorisation évoluent silencieusement vers l’épilepsie ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour réduire les symptômes voire pour ralentir le cours de la maladie ».
Des crises non détectées à l'EEG classique
L’épilepsie et la maladie d’Alzheimer, toutes deux associées à des troubles cognitifs, partagent des caractéristiques communes de neurodégénérescence cellulaire et d’hypométabolisme au niveau du lobe temporal. L’hippocampe, une structure essentielle au processus de mémorisation et atteinte au cours de la maladie d’Alzheimer, est fréquemment à l’origine de crises convulsives chez des patients épileptiques. Mais jusqu’à présent, il était admis que l’épilepsie était une séquelle du processus neurodégénératif, survenant seulement à un stade avancé de la maladie.
Les deux patientes étudiées présentaient un tableau de maladie d’Alzheimer, même si la fluctuation dans les symptômes était bien plus marquée qu’habituellement. C’est ainsi que même si les EEG du scalp ne montraient pas d’activité convulsive, les chercheurs ont voulu tester l’hypothèse de crises non détectées au niveau de l’hippocampe.
Pour la première fois, les scientifiques ont réussi à évaluer l’activité au niveau du lobe temporal médian à l’aide d’électrodes introduites de façon bilatérale à travers le foramen ovale (FO), ce trou situé dans la grande aile du sphénoïde à la base du crâne. La mise en place se fait en salle d’opération sous anesthésie générale sous contrôle radioscopique fluoroscopique (produit de contraste).
Les bénéfices d'un antiépileptique
Chez la première patiente, l’enregistrement sur 12 heures par les électrodes du FO a mis en évidence de fréquentes salves de pointes, non détectées par l’EEG du scalp, ainsi que 3 crises convulsives infracliniques pendant le sommeil au niveau du lobe temporal médian. La patiente a été traitée par l’antiépileptique lévitéracétam (Keppra). Après le début de traitement, aucune activité convulsive n’a été observée par les électrodes du FO avant leur retrait à 48 heures et la fréquence des pointes était réduite de 65 %. Douze mois plus tard, la patiente a rapporté un épisode de confusion après l’oubli de plusieurs prises de l’antiépileptique.
La seconde patiente, initialement évaluée à l’âge de 58 ans, a développé en 5 ans une démence sévère avec des fluctuations d’anxiété spectaculaires. Un enregistrement continu par EEG du scalp avait mis la puce à l’oreille en mettant en évidence de rares décharges épileptiformes multifocales. En effet, les électrodes du FO ont révélé des pointes fréquentes au niveau du lobe temporal médian. Comme pour la première patiente, plus de 95 % des pointes détectées ne transparaissaient pas sur l’EEG du scalp.
Jusqu’à présent, il était admis dans la maladie d’Alzheimer de ne traiter les crises convulsives qu’une fois symptomatiques. Cette vision des choses pourrait changer. « Les pointes et crises infracliniques peuvent entraîner des troubles cognitifs significatifs », font valoir les auteurs. De plus, l’hyperexcitabilité de l’hippocampe survient pendant le sommeil, qui est déterminant pour la consolidation de la mémoire, « ce qui pourrait augmenter l’impact pathogène », soulignent-ils. Les chercheurs définissent comme thème prioritaire le fait de vérifier à plus grande échelle l’association entre crises convulsives et progression de la maladie d’Alzheimer.
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