« LA PHARMACIE galénique est une science originale à plusieurs titres » a souligné le Pr Yvette Pourcelot (membre de l’Académie nationale de Pharmacie) en guise d’introduction à cette séance thématique, car « elle se situe à l’interface des sciences de la matière - origine et qualité des matières premières -, des sciences de l’ingénieur - opérations et procédés - et des sciences de la vie - physiologie et biologie - via la biodisponibilité ».
Tout au long de la vie du médicament.
Ainsi que l’a indiqué le Dr Patrick Wüthrich (Directeur du Centre de Développement pharmaceutique, Institut d’Innovation Galénique et Biopharmacie, Laboratoires Servier, Orléans), la conception d’une formulation galénique peut intervenir à tous les stades du cycle de vie du médicament, depuis les premières études chez l’animal, jusqu’aux formes post-AMM (reformulations, génériques), en passant bien entendu par toutes les étapes de son développement clinique. Les formulations étant fortement encadrées par une réglementation et des guides de bonnes pratiques à vocation internationale qui évoluent sans cesse, avec pour objectif d’élever en permanence la qualité et la sécurité des médicaments vis-à-vis des patients.
La formulation galénique doit tenir compte de multiples facteurs, parmi lesquels les propriétés physico-chimiques du principe actif et des excipients (et leurs interactions au cours du temps), le type de patient (âge, pathologies), la forme galénique envisagée, la dose active (on ne développe pas de la même manière une dose de l’ordre du mg ou du g), la voie d’administration, la pharmacocinétique, la stabilité, l’industrialisation et les articles de conditionnement.
De nouvelles approches et techniques sont sources de progrès, comme la mise à contribution de la chimiométrie (utilisation d’outils mathématiques, notamment statistiques, pour extraire le maximum d’informations à partir de données chimiques) et l’imagerie chimique, qui, comme par exemple la spectroscopie en proche infrarouge est capable d’identifier à la surface d’un comprimé les différentes substances qui le composent.
Des perspectives considérables.
Selon le Pr Patrick Couvreur*, la pharmacie galénique devrait pouvoir continuer à bénéficier dans l’avenir de sa capacité à valoriser sa position d’interface vis-à-vis d’autres sciences. Parmi les voies possibles d’innovations, représentant autant de challenges à relever, celui-ci a évoqué la poursuite du développement des nanotechnologies, appliquées notamment à l’imagerie et à la photonique quantique (par exemple les nanodiamants et les semi-conducteurs nanométriques engendrant des signaux de fluorescence avec détection extracorporelle) et à la thérapeutique anticancéreuse personnalisée (nanothéragnostic : suivi en temps réel de l’activité sur la tumeur), la micro et la nanoélectronique (administration autorégulée des médicaments à partir du dosage d’un indicateur interne, capable de répondre en temps réel aux besoins physiologiques du patient), les formes biomimétiques (cellules « artificielles »), la biologie moléculaire et cellulaire, l’encapsulation des cellules et la conception de formes adaptées aux nouvelles approches de la thérapie génique non virale (comme les petits ARN interférents, capables de moduler l’expression des gènes et qui représentent une voie très prometteuse dans la lutte antitumorale).
Où s’arrêtera la pharmacie galénique ? S’est interrogé en conclusion le Pr Couvreur. « Sera-ce encore de la galénique que de formuler des cellules ? En tout cas, ce sera certainement un domaine d’investigation passionnant ! »
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