RATIONALITÉ. Pour Pascal Brossard, président de l’AFIPA, l’automédication ne saurait en aucun cas se développer de manière anarchique. « L’automédication est la première étape du parcours de soins qui nécessite de se rendre à l’officine pour les pathologies bénignes », tient-il à rappeler d’emblée. Une place de choix « encore trop souvent ignoré par les patients », regrette toutefois Éric Maillard, vice-président de l’AFIPA, qui appelle de ses vœux « une grande campagne d’information initiée par les pouvoirs publics, à l’instar de celle dont ont bénéficié les médicaments génériques ».
Un développement qui ne saurait voir le jour sans qu’un certain nombre de freins ne soient levés estime quant à lui Jean Gardette, directeur adjoint de l’évaluation à l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Outre que dans l’inconscient collectif, un médicament non remboursé est forcément inefficace, ni les patients, ni les pharmaciens, ni les médecins n’ont conscience de ce qui doit être traité par l’automédication qui, par ailleurs, pâtit d’une véritable absence de clarté de l’offre. »
Un rôle pédagogique partagé.
Pour rendre plus lisible l’intérêt de l’automédication, Éric Maillard préconise de « faire un distingo entre les pathologies que la collectivité doit prendre en charge et celles qui relèverait de l’automédication ». Un avis partagé par le Dr Roger Rua, président du syndicat des médecins libéraux (SML), qui préconise de dégager du temps au médecin pour mettre en place des actions de prévention ou prendre en charge les pathologies lourdes, en incitant les patients à soigner les « petites maladies aiguës par l’automédication ». Pas question pour autant d’abandonner le patient. Le président du SML propose de développer une automédication médicalisée. En clair, lors d’une consultation, « le médecin généraliste devra faire preuve de pédagogie en expliquant aux patients comment se soigner par automédication ».
Une démarche proactive qui, selon le Dr Rua, s’inscrit dans l’évolution de la société, où les patients sont de plus en plus informés et responsabilisés sur leur « capital santé ». Et ce rôle pédagogique ne saurait être assumé par les seuls médecins. « Il s’inscrit dans le cadre d’une collaboration interprofessionnelle entre les médecins et les pharmaciens. »
Impliquer les complémentaires santé.
Ce travail en équipe permettrait, en outre, d’expliquer un certain nombre d’éléments que les patients peuvent avoir trouvé sur Internet et qu’ils n’ont pas forcément compris. Un véritable défi pour les pharmaciens qui « manquent souvent de temps au comptoir pour bien identifier la problématique et recadrer les choses », regrette Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Mais ce n’est pas le seul enjeu. « Le prix reste un véritable problème qui, en période de crise, se trouve souvent exacerbé », explique-t-elle. D’où la nécessité sans doute d’impliquer les complémentaires santé. Une évolution logique à l’heure où le législateur a décidé d’en généraliser l’usage…
Sans oublier un réel effort que les officinaux devront accomplir sur les prix. Car, au-delà des écarts d’une officine à l’autre qui auraient été constatés par les associations de consommateurs et que déplore la présidente du CNOP, le problème de la lisibilité reste entier. Selon Gérard Bercher, président de l’UFC Que Choisir de Caen, et membre du bureau de l’UFC Que Choisir, « les pharmaciens doivent rapidement y remédier et se mettre en conformité avec la loi ». À défaut, prévient-il, l’automédication pourrait fort bien quitter les linéaires des officines pour les rayons des GMS (grandes et moyennes surfaces), à l’instar des tests de grossesse…
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