NI ALERTE, ni pression : Didier Tabuteau et Martin Hirsch, anciens « dircab » de Bernard Koucher, et Benoît Bohnert et Jean Castex, anciens « dircab » de Xavier Bertrand, n’ont « jamais » entendu parler du Mediator lorsqu’ils étaient en responsabilité au ministère de la Santé. « Nous avions l’impression que le travail de vigilance était fait du mieux possible », a déclaré Didier Tabuteau, tout en confiant son effondrement a posteriori. La Haute Autorité de santé n’a pas proposé de dérembourser le Mediator en 2006, a précisé Jean Castex. L’actuel secrétaire général adjoint de l’Élysée a indiqué que la vigilance politique était « forte », à cette époque, sur les questions de sécurité sanitaire. « Ça ne veut pas dire qu’on a tout vu, la preuve », a-t-il toutefois reconnu.
Au registre des propositions, Didier Tabuteau suggère de renforcer les expertises externes, et de restreindre l’octroi des AMM. L’ancien patron de l’Agence du médicament estime qu’il faut « introduire dans les conventions médicales un mandat de santé publique », afin de reconnaître – et rémunérer – la fonction de vigilance remplie par les médecins.
Benoît Bohnert souhaite l’instauration d’une chaîne courte, en parallèle de la chaîne institutionnelle, « qui permette à des praticiens tels que le Dr Frachon de faire remonter directement » les observations du terrain. Jean Castex a ciblé son propos sur les prescriptions hors AMM, « le vrai sujet » à ses yeux, qu’il relie « à la question de l’information du corps médical ». Le rôle des visiteurs médicaux (VM) a été évoqué. Ont-ils poussé les médecins à prescrire le Mediator hors AMM ? « Il n’y a pas de preuve écrite, mais peut-être qu’un jour, un visiteur médical dira ce qu’il disait aux médecins. Pour le moment, on en reste à la suspicion », a observé le député UMP Jacques Domergue.
Dans le jargon des VM, un médecin insensible aux conseils de prescription est qualifié de « blaireau », a déploré Martin Hirsch. Pour l’ancien patron de l’AFFSA, « il vaudrait mieux que les VM soient des délégués de l’assurance-maladie ou des autorités sanitaires ». « L’emprise » des laboratoires pharmaceutiques sur les professionnels, « depuis l’étudiant en médecine jusqu’au ministre de la Santé, en passant par les PH, les experts, les chercheurs, les généralistes », est trop lourde, selon Martin Hirsch, qui souhaite un financement public des expertises. De même demande-t-il à ce que la FMC soit financée par le biais d’un fonds alimenté par l’industrie, qui serait « géré comme un fonds public ».
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