Le paracétamol 100 % français dans trois ans

Médicaments français par excellence, les spécialités de paracétamol sont fabriquées avec des matières premières venant d’Asie. Dans le cadre de la reconquête d’une souveraineté sanitaire, le gouvernement annonce avoir engagé des travaux pour relocaliser toute la chaîne de production du paracétamol d’ici à trois ans.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, et la secrétaire d’État auprès du ministère de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, ont annoncé hier le retour en France de l’ensemble de la chaîne de production du paracétamol d’ici à trois ans. Au sortir de la réunion du Comité de filière stratégique (CSF) industrie et technologie de santé, le gouvernement a en effet précisé avoir engagé des travaux « avec Seqens, UPSA et Sanofi pour que, d’ici trois ans, la France soit en mesure de reproduire, conditionner et distribuer du paracétamol ». Une annonce qui suit celle du président de la République deux jours plus tôt, à l’occasion d’une visite sur le site de production de vaccins de Sanofi à Marcy-l’Etoile (Rhône), relative au lancement d’une « initiative de relocalisation de certaines productions critiques » et à la mise en place d’une « première enveloppe de 200 millions d’euros en 2020 » dans ce but.

Cette initiative s’appuie sur les propositions de la mission menée par Jacques Biot sur l’analyse des causes industrielles des pénuries de médicaments dont le rapport a été remis au gouvernement en février dernier et rendu public hier. « Sur cette base, le CSF élaborera un plan d’actions qui reposera sur le recensement de projets industriels pouvant faire l’objet de relocalisations, en tenant compte de leur faisabilité socio-économique, des externalités environnementales et sociales, ainsi que des critères d'éligibilité aux mesures de soutien nationales et européennes », précise le gouvernement. Le paracétamol constitue « un premier exemple de cette démarche ». C’est d’ailleurs pour prendre en compte ce besoin de relocalisation en France que la baisse de prix du paracétamol prévue en 2020 et plusieurs fois reportée a finalement été annulée.

Le gouvernement précise avoir déjà sélectionné « six projets pour un montant total de 78 millions d’euros » concernant les laboratoires Abivax, Genoscience, Innate Pharma, Inotrem, Osivax et Xenothera. Le reste des 200 millions d’euros de l’enveloppe promise est soumis à un appel à manifestation d’intérêt publié hier pour « identifier les projets d'investissements qui permettront de faire croître très rapidement la production de médicaments impliqués dans la prise en charge des patients atteints de la Covid-19 ».