C’est à l’occasion de la présentation de ses résultats (robustes) pour l’année 2021, début février, que le Français Ipsen a révélé être entré en négociation exclusive avec son compatriote Mayoly Spindler. Ce dernier devrait en effet racheter sa division santé familiale, dont son médicament phare Smecta, pour 350 millions d’euros. Le but d’Ipsen est de poursuivre son recentrage sur l’oncologie, les neurosciences et les maladies rares. Et la manne apportée par la vente du pôle de médicaments sans ordonnance pourrait sans nul doute servir ses ambitions de croissance externe.
Ipsen est loin d’être le seul groupe pharmaceutique à chercher à se recentrer sur son cœur de métier. Une règle souvent de mise dans une période de forte innovation où la diversification est moins utile. C’est certainement ce qui a motivé le britannique GSK à créer sa spin-off Haleon, une nouvelle entreprise indépendante qui sera officiellement enregistrée en tant que telle d’ici à l’été prochain et qui regroupe l’ensemble de son pôle santé grand public, lui-même issu d’une joint-venture détenue à 68 % par GSK et 32 % par Pfizer. Pourtant courtisé par Unilever qui a tout de même présenté trois offres de rachat, dont la dernière à environ 60 milliards d’euros, GSK les a rejetées pour aller au bout de son projet. La nouvelle entreprise, baptisée Haleon, sera cotée en Bourse à Londres et à New York.
Une industrie peu concentrée
Les analystes du marché ne s’attendent pourtant pas à atteindre le niveau record de mégafusions de 2019, pour un montant total d’environ 375 milliards de dollars. Cette année-là, AbbVie a absorbé Allergan pour 63 milliards de dollars, Bristol-Myers Squibb (BMS) a fait de même avec Celgene pour 74 milliards de dollars, tout comme Takeda avec Shire pour 48 milliards de dollars. C’est aussi l’année où Pfizer a annoncé fusionner sa filiale génériques (Upjohn) avec Mylan, donnant naissance à la joint-venture Viatris, détenue à 57 % par Pfizer et 43 % par Mylan.
« Malgré les mégafusions récentes, l’industrie mondiale du médicament demeure peu concentrée, les cinq premiers groupes représentant 22 % du marché mondial », souligne le LEEM dans son bilan économique pour l’année 2020. « La pandémie de Covid-19 a plongé l’économie mondiale dans une récession record et a contraint les entreprises à se recentrer sur des alliances et des opérations moins importantes et plus ciblées, dans des domaines thérapeutiques prioritaires », ajoute-t-il.
« Try before you buy »
Ainsi, en 2020, la seule méga-acquisition revient au britannique AstraZeneca qui a annoncé en toute fin d’année s’offrir la biotech américaine Alexion pour 39 milliards de dollars. L’ensemble des fusions-acquisitions pour 2020 s’élève à 159 milliards de dollars, soit « un niveau proche de ceux constatés en 2017 et 2018 », ajoute le LEEM. De fait, les partenariats et alliances ont la part belle depuis lors, sous l’influence de ce que le cabinet Ernst & Young définit comme un « changement significatif dans l’allocation des capitaux, au détriment des fusions-acquisitions ». Le marché biopharmaceutique reste « actif » mais sans mégafusion.
Pour autant, partenariat et rachats plus modestes gardent toute leur importance. Par exemple, Bayer, qui a entrepris un virage stratégique axé sur le renforcement de sa R & D il y a 18 mois, se félicite des acquisitions réalisées ces deux dernières années, notamment de trois biotechs, deux américaines qui lui permettent de renforcer son pôle oncologie et une britannique dans la santé de la femme. C’est en fait l’aboutissement de partenariats mis en place avec ces sociétés qui ont su prouver la valeur de leurs candidats médicaments. Une pratique que le cabinet Ernst & Young qualifie de stratégie « try before you buy » (essayer avant d’acheter) qui va de paire avec la prudence à observer après deux années de crise.
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