Pour la première fois en France, une étude s'est intéressée aux liens entre les prescriptions des médecins libéraux et les avantages offerts à ces derniers par l'industrie pharmaceutique.
Publiée dans le « British Medical Journal », l'étude, menée notamment par des médecins généralistes et des ingénieurs de l'université de Rennes, livre un enseignement majeur : les praticiens qui ne bénéficient pas de voyages ou de cadeaux de la part des groupes pharmaceutiques prescrivent moins et plus efficacement. « L’étude ne peut pas montrer de lien de cause à effet », précise le Dr Frouard, l'un des auteurs de ces travaux. « Elle permet seulement d’affirmer qu’en moyenne, par rapport aux groupes de médecins ayant reçu des avantages, le groupe de médecins n’en ayant reçu aucun est associé à des prescriptions moins coûteuses et à plus de prescriptions de médicaments génériques par rapport aux mêmes médicaments non génériques comme les antibiotiques, les antihypertenseurs les statines ».
Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé deux bases de données : « Transparence-Santé », qui mentionne les liens d'intérêt entre les entreprises et les acteurs de santé, et le Système national des données de santé (SNDS). Les travaux ont donc consisté à « croiser les données de ces deux bases pour l’année 2016, en recherchant une association entre les avantages reçus de l’industrie pharmaceutique par 41 257 généralistes, et des indicateurs évaluant le coût et la qualité des prescriptions utilisés par l’assurance-maladie dans le calcul de la Rémunération des médecins sur objectifs de santé publique (ROSP) ». Selon les chiffres de « Transparence-Santé », 90 % des généralistes ont reçu au moins un cadeau depuis 2013. Des études précédentes et notamment une publication de l'Organisation mondiale de santé (OMS) avaient déjà mis en évidence le lien entre ces avantages et les choix thérapeutiques réalisés par les médecins libéraux. Comme le suggère le Dr Goupil, généraliste et coauteur de l'étude : « Il semble peu probable que l’argent dépensé par l’industrie pharmaceutique pour la promotion des médicaments le soit à perte. »
De son côté, le LEEM n'a pas tardé à réagir aux critiques contenues dans cette étude. Dans un communiqué diffusé cet après-midi, le syndicat d'industriels du médicament « dénonce fermement ce nouveau dénigrement d’une industrie dont la vocation première est d’apporter aux patients des solutions thérapeutiques toujours plus sûres et toujours plus efficaces ». Concentrant ses critiques sur la méthodologie de l'étude, le LEEM regrette notamment que celle-ci « regroupe sous le terme générique " d’avantages ", des invitations à des événements scientifiques ou de formation, des frais d’hébergement, de déplacement ou de restauration… L’exploitation de ces données et leur analyse s’avèrent donc particulièrement complexes ».
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