C’EST INÉDIT en France. L’Autorité de la concurrence a rendu mardi une décision exécutoire sanctionnant le laboratoire Sanofi. Le motif ? Avoir mis en place une stratégie de dénigrement à l’encontre des génériques du Plavix (clopidogrel). Le premier laboratoire français écope d’une amende de 40,6 millions d’euros et d’une injonction de publication dans deux revues professionnelles.
Tout commence en 2009, lorsque le génériqueur Teva accuse Sanofi d’user de mesures anticoncurrentielles pour préserver Plavix de l’arrivée de génériques sur le marché. Il va jusqu’à déposer une plainte assortie d’une demande de mesures conservatoires auprès de l’Autorité de la concurrence.
Le 17 mai 2010, l’Autorité de la concurrence rejette la demande de mesures conservatoires à l’encontre de Sanofi, considérant que « les conditions d’octroi ne sont pas réunies », mais poursuit l’affaire sur le fond… qui trouve aujourd’hui son dénouement après une instruction de trois années. La longue enquête menée auprès de médecins, de pharmaciens, du laboratoire Sanofi, de l’assurance-maladie, de l’Agence du médicament, permet aujourd’hui à l’instance de pointer du doigt une stratégie de communication dénigrante, que ce soit dans la presse ou auprès des professionnels de santé par le biais de ses forces commerciales.
La part du lion.
L’Autorité de la concurrence lui reproche « un discours à caractère trompeur » qui « visait directement les génériques de Plavix » et non à valoriser ses médicaments, en présentant les « différences entre Plavix et ses génériques de manière à faire croire qu’il s’agit d’un produit différent (…) pouvant avoir un impact sur la santé des patients ». Elle ajoute que l’argumentaire se concluait par de fortes incitations : « pour les médecins, faire obstacle à la substitution générique en faisant usage de la mention non substituable et pour les pharmaciens, se fournir en copie conforme Clopidogrel Winthrop ». Ce discours jugé inquiétant par l’Autorité de la concurrence a généré un sentiment de méfiance vis-à-vis des génériques de Plavix, dont la molécule présente le plus fort taux de mention « non substituable », selon l’assurance-maladie. Il aurait également contribué à accroître la méfiance particulière des Français face aux génériques en général. La substitution du Plavix n’a d’ailleurs jamais atteint le taux attendu par l’assurance-maladie, alors que l’autogénérique de Sanofi s’est taillé la part du lion face à ses concurrents. L’assurance-maladie a d’ailleurs estimé que la perte liée aux économies non réalisées entre janvier 2010 et août 2011 s’élève à 38 millions d’euros.
Pour l’Autorité de la concurrence, il n’y a pas de doute, l’ensemble de ces éléments montre qu’il s’agit bien d’un dénigrement visant à entraver le développement de la concurrence des génériques, ainsi que d’un abus de position dominante. Une décision contestée par Sanofi. Le laboratoire annonce qu’il veut faire appel.
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