« MALGRÉ UNE prescription hospitalière très soutenue sur l’ensemble de l’année (+ 5,6 %), la baisse de la prescription des médecins libéraux (- 5,1 % en unités et - 0,9 % en valeur) aboutit à une légère baisse globale du marché du médicament remboursable prescrit de - 0,2 % », observe l’économiste de la santé Claude Le Pen dans la newsletter « IMS PharmaNews » du 10 février. Le marché des médicaments en PFHT progresse pour sa part de 0,3 %, tandis que celui des spécialités prescrites (en PFHT) augmente de 0,2 %. En réalité, indique l’économiste, le marché pharmaceutique a connu en 2008 une croissance nulle.
Revenant sur les faits marquants de 2008, Claude Le Pen s’arrête sur le déremboursement des spécialités à vignettes orange. Son constat est sans équivoque : la fin de la prise en charge de ces médicaments s’est traduite par une baisse du chiffre d’affaires (CA) qui est passé de 254 millions d’euros en 2007 à 114 millions l’an passé. En 2005, c’est-à-dire avant la diminution de leur taux de remboursement à 15 %, ces produits enregistraient un CA de plus de 400 millions d’euros. Soit quatre fois plus qu’aujourd’hui.
Un effet franchise.
En ce qui concerne les franchises médicales, Claude Le Pen reconnaît que l’objectif d’économies de 800 millions d’euros sera respecté. Cette mesure n’a cependant pas, à ses yeux, modifier les comportements des assurés. « Les patients n’ont pas moins consommé, mais ils ont dépensé plus, remarque-t-il. Normal, compte tenu du mode très peu transparent de la perception des franchises par déduction sur les remboursements des consultations ».
Dans son analyse des tendances de 2008, l’économiste relève également que la part des prescriptions hospitalières délivrées en ville a progressé de 5,6 %. « Au total, indique-t-il, les hospitaliers ont prescrit pour près de 9 milliards d’euros de médicaments en 2008, soit 5,2 milliards en consommation intra-hospitalière et 3,7 milliards en ambulatoire ».
Au chapitre des génériques, l’économiste souligne que leur pénétration semble s’essouffler et plafonne autour de 80 % en unités, en dépit de l’arrivée dans le répertoire de quelques vedettes comme la fluvastatine et la venlafaxine. Pour lui aussi, le marché des génériques ne s’étendra que par les futures pertes de brevet attendues en 2009 et 2010.
Pas d’effet libre accès.
Autre enseignement de 2008 : la faible portée du libre accès à certains médicaments en pharmacie. « Très peu de pharmaciens ont mis les produits en libre accès et l’effet reste pour le moment anecdotique », souligne ainsi Claude Le Pen. « L’effet concurrence sur lequel comptaient les pouvoirs publics pour faire baisser les prix est un peu illusoire et, libre accès ou pas, le médicament reste le « produit conseil » par excellence, où l’avis du pharmacien est essentiel », ajoute-t-il. Il poursuit : « Quant à l’OPA des grandes surfaces, souhaitée par le rapport Attali (...), elle a fait « pschitt »… La révolution OTC attendra ». D’autant que l’auteur de l’analyse constate que cela n’empêche pas ce marché de se développer nettement plus rapidement que celui de prescription, indépendamment des déremboursements.
Par ailleurs, selon lui, le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) actuellement discuté à l’Assemblée nationale, modifiera certainement les données actuelles. En effet, la création des Agences régionales de santé (ARS) affectera sans doute le marché pharmaceutique car ces structures auront un rôle direct sur l’organisation des soins, sur la « gestion de risque » et sur les politiques locales de prescription, prévoit l’économiste de la santé.
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