L’INNOVATION thérapeutique fait son grand retour ! C’est d’ailleurs le seul élément dont le LEEM peut se réjouir : 182 médicaments sont préenregistrés pour une mise sur le marché en 2015, 462 nouvelles spécialités sont déjà programmées pour 2017 et 1 423 en 2018. Patrick Errard, président du LEEM, annonce même « l’arrivée de grandes innovations de rupture qui ont ou qui vont transformer radicalement la prise en charge des patients, notamment dans les domaines de l’hépatite ou du cancer ». Une fois cette annonce forte et pleine d’espoirs lancée, Patrick Errard est revenu vers les problèmes, nombreux, rencontrés par l’industrie pharmaceutique en France.
C’est d’abord sur les contradictions politiques qu’il choisit d’insister. Car la France a une politique industrielle ambitieuse qui, tout au moins dans son discours, reconnaît un caractère stratégique au secteur de la pharmacie. Mais dans les faits, le syndicat des entreprises du médicament note « une régulation économique disproportionnée » de la part de l’État qui impose des baisses de prix des médicaments « de façon souvent autoritaire » et un taux d’évolution de chiffre d’affaires « inférieur à 1 %, sous peine de reversement à l’assurance-maladie ». Il rappelle que le médicament, « qui représente 15 % de la dépense d’assurance-maladie », doit assumer 50 % des efforts économiques (PLFSS 2015). Les industriels s’étonnent également de l’instauration par la loi à la fois d’un dispositif « de régulation dédié à une catégorie de médicaments » et d’un autre dispositif permettant l’utilisation d’un médicament hors AMM pour des motifs économiques. Autrement dit, le LEEM ne plébiscite ni la future RTU d’Avastin dans la DMLA, ni la limitation du chiffre d’affaires des nouveaux traitements de l’hépatite C.
Le LEEM s’inquiète aussi des difficultés du système à évaluer et intégrer les innovations actuelles dans l’offre de soins, à « restituer les gains d’efficience que le médicament génère » et des délais de plus en plus long pour obtenir la précieuse autorisation de mise sur le marché (AMM). « Le délai maximal de 180 jours, fixé par la directive européenne, n’a été respecté en France que pour deux médicaments depuis 2009 ! », constate Patrick Errard.
Nouveau dialogue.
Dans ce cadre, le président du LEEM réclame des « réformes structurelles du système de santé et une politique sanitaire fondée sur l’efficience ». Il détaille une série de propositions telles que le conditionnement du remboursement à la gravité de la maladie, l’évaluation de la valeur ajoutée d’un médicament basée sur son intérêt global pour le patient et non sur le seul bénéfice/risque, la mise à disposition d’un médicament en ville et à l’hôpital dès obtention de l’AMM…
L’attractivité en berne de la France est un problème majeur pour les industriels. Les investissements dans la production ont chuté de 120 millions d’euros en trois ans. Deux tiers des sites français ne sont pas homologués pour exporter aux États-Unis. Plus de 40 000 emplois directs dans la production pharmaceutique dépendent de produits faiblement pris en charge, positionnés sur des prix modestes, exposés à moyen et court terme à la concurrence des génériques. Sur les 130 nouvelles molécules autorisées en Europe entre 2012 et 2014, seulement 8 sont produites en France… Là encore, le LEEM fait des propositions pour changer la donne (incitations fiscales, facilitation de l’homologation internationale) et réclame un nouveau dialogue avec l’État, avec un Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) renouvelé, qui pourrait devenir un outil de « lisibilité budgétaire pluriannuelle ». L’accord-cadre LEEM-CEPS doit expirer fin 2015 ; l’occasion est là pour faire acter un « principe de primauté » privilégiant la voie conventionnelle (sur la voie législative) pour toute décision susceptible d’avoir un impact économique sur les industriels du médicament.
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