La filiale française du laboratoire allemand Merck KGaA ne s’attendait pas à la virulence des réactions chez les officinaux. Le 24 mai dernier, les syndicats de pharmaciens découvrent au « Journal officiel » l’existence de grands conditionnements pour tous les dosages du Lévothyrox (lévothyroxine).
Le jour même, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner, appelle les confrères à ne pas les référencer et évoque un « hold-up sur la rémunération de la profession ». De son côté, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, s’étonne qu’il n’y ait pas eu de concertation avec les pharmaciens alors que cette situation les pénalise financièrement et exige que tout effort financier soit « à l’unique charge des industriels ».
En effet, les boîtes de 90 comprimés de Lévothyrox destinées à couvrir les besoins d’un patient pendant trois mois, ne font pas partie des quelques classes thérapeutiques ayant officiellement le statut de conditionnement trimestriel. Et pour le pharmacien, cela change tout. Pour la délivrance d’un conditionnement trimestriel, il perçoit un honoraire équivalent à trois honoraires à la boîte dont on ôte 10 %. En l’absence de ce statut, et même si le médicament délivré couvre trois mois de traitement, le pharmacien perçoit un seul honoraire à la boîte.
Ne pas se tromper de combat
« Il n’est pas d’usage de consulter les pharmaciens pour une telle demande, se défend Valérie Leto, pharmacien responsable chez Merck Santé. Nous avons voulu apporter une solution réclamée de longue date par les patients et formulée régulièrement par les associations qui les représentent ; et même par quelques pharmaciens. Nous avions l’autorisation de proposer des boîtes de 90 comprimés pour le Lévothyrox 25 et 50 μg depuis longtemps, mais pas pour les autres dosages. » Le laboratoire est d’autant plus étonné que de grands conditionnements sont déjà proposés parmi les alternatives au Lévothyrox. Ainsi le L-Thyroxin Henning de Sanofi n’est proposé qu’en boîte de 100 comprimés, tout comme l’Euthyrox de Merck, l’ancienne formule du Lévothyrox importée d’Allemagne de manière temporaire. Le Thyrofix, générique du Lévothyrox, est proposé quant à lui en boîte de 30 et de 100 comprimés.
Selon Merck, il est du rôle des syndicats de défendre le travail des officinaux et de le valoriser. Le laboratoire n’est d’ailleurs pas opposé à ce que ses boîtes de 90 comprimés de Lévothyrox soient considérées comme des conditionnements trimestriels. Valérie Leto rappelle que la nouvelle formule du Lévothyrox a entraîné un coût de 32 millions d’euros pour Merck et que son prix est resté le même, alors que le nouvel excipient, le mannitol, est plus cher. De plus, la demande de commercialisation de grands conditionnements pour tous les dosages a entraîné une baisse de prix pour les dosages à 25 et 50 μg en boîte de 90 comprimés. « Le reste à charge pour le patient est moins élevé sur une boîte de 90 comprimés que sur trois boîtes de 30 comprimés, ajoute Valérie Leto. Il faut appréhender la situation dans son ensemble. Nous respectons l’émotion des pharmaciens sur le sujet des grands conditionnements, mais il ne faut pas se tromper de combat car cette problématique n’est pas propre au Lévothyrox. » Le laboratoire précise que les boîtes de 90 comprimés, destinées aux patients stabilisées, ne remplacent pas celles de 30 comprimés, idéales en phase d’adaptation du traitement.
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