À Messimy, à une trentaine de kilomètres de Lyon, les bâtiments des laboratoires Boiron s’étendent sur 32 hectares. Ici, Boiron a déménagé le siège social de l’entreprise (auparavant implanté à Sainte-Foy-lès-Lyon) en 2018, mais a aussi installé les lignes de production de ses tubes et doses ainsi que de ses pommades. 60 millions d’euros ont été investis sur le site entre 2017 et 2019. Il regroupe près de 1 000 salariés. « Nous produisons plus de 100 millions de tubes et doses sur ce site. Et encore, cela ne représente que 30 % de la capacité de production, qui pourrait atteindre 450 millions de tubes et doses », explique Jean-Christophe Bayssat, pharmacien responsable, directeur du développement pharmaceutique et directeur général délégué de Boiron.
1 500 souches de base
Équipée de blouses, de charlottes et de surchaussures, notre petite équipe de journalistes est guidée dans les dédales d’une ligne de production des granules homéopathiques. « Nos dilutions homéopathiques sont réalisées à partir des trois règnes. 50 % sont d’origine végétale (Arnica Montana ou Belladona par exemple), 40 % d’origine minérale ou chimique (soufre, sel marin) et 10 % d’origine animale », détaille-t-il. Pour l’Oscillococcinum par exemple, c’est le foie et le cœur d’un canard de Barbarie qui sont utilisés comme matière première. Mais pas de risque de décimer cette espèce pour autant, nous rassure Jean-Christophe Bayssat. « Nous n’en utilisons que quelques-uns par an », affirme-t-il.
Les plantes sont quant à elles prélevées dans la nature par des récolteurs spécialisés. « Nous avons besoin de quelques kilos de plantes par an. Nous fabriquons la teinture-mère une fois tous les 5 ans environ, pour la plupart de nos souches », ajoute-t-il. La plus grosse production du laboratoire, l’Arnica Montana, nécessite plusieurs tonnes de plantes par an, récoltées majoritairement dans les Vosges, mais aussi dans les Alpes et les Pyrénées. « Chaque récolteur a ses " coins " spécifiques, qu’il garde secret pour ne pas se les faire piquer par d’autres », confie Jean-Christophe Bayssat. Boiron dispose de 1 500 souches actives, qui sont utilisées pour constituer les teintures-mères. Ces dernières servent ensuite à effectuer les dilutions successives caractéristiques de l’homéopathie, jusqu’à disparition complète de traces de la substance active dans les plus fortes dilutions.
16 jours pour fabriquer un granule
La base des granules homéopathiques est constituée de saccharose et de lactose. « Mais ce n’est pas un vulgaire morceau de sucre », insiste Jean-Christophe Bayssat. En effet, « pour obtenir une substance poreuse nous réalisons des couches concentriques de lactose et de saccharose en doublant le poids du granule chaque jour. Il faut 11 jours pour fabriquer un globule de la bonne taille et 16 jours pour un granule », explique-t-il.
Ensuite, la dilution homéopathique est pesée, de même que les granules ou globules neutres. Puis, ces derniers sont imprégnés de la dilution en trois fois. Il faut par exemple trois litres de dilution pour 300 kg de granules. « Si l’imprégnation s’est faite trop rapidement, le granule est non conforme et il est écarté. Si l’imprégnation est conforme, nous passons à la deuxième phase, qui est celle de conditionnement dans les tubes », raconte le pharmacien responsable. Les gros lots, qui peuvent atteindre jusqu’à 300 kg de granules, sont imprégnés pendant 1 h 30, contre 20 minutes pour les petits lots. « Pour l’Arnica Montana par exemple, nous pouvons faire des lots de 50 000 tubes. Les plus petits lots peuvent compter seulement 600 tubes. Nous sommes très flexibles au niveau de la production », souligne-t-il. Des machines de tailles différentes permettent de réaliser l’imprégnation et le séchage.
Tubes expédiés dans 50 pays
À partir des 1 500 substances actives de départ, Boiron fabrique 12 000 références différentes de tubes et doses, avec des dilutions différentes. La mise en tube est automatisée. « Les granules glissent dans la machine. Une cellule détermine le bon remplissage du tube. Si c’est bon, il est étiqueté, sinon il est éjecté », décrit Jean-Christophe Bayssat. En bout de ligne, une opératrice récolte les tubes par 50 afin de les mettre en cartons. Lors de grosses productions, par exemple pour l’Arnica, cette opération est également automatisée. Les tubes seront ensuite expédiés aussi bien en France que dans 50 autres pays.
Malgré une baisse de 40 % de chiffres d’affaires depuis le déremboursement de l’homéopathie en 2018, Boiron a désormais retrouvé le chemin de la croissance et affiche un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros au 1er trimestre 2022, soit une augmentation de 59,9 % par rapport à l’an dernier.
D'après une visite du site Boiron de Messimy.
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