Sanofi a officialisé ce lundi son choix de céder 50 % d’Opella, sa division santé grand public, au fonds d’investissement américain CD & R. À travers BPI France, l’État devrait devenir actionnaire d’Opella à hauteur de 2 % et annonce avoir obtenu des garanties concernant le maintien des sites de production de Lisieux et Compiègne et l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français.
L’épilogue du dossier Opella, la division santé grand public de Sanofi qui comprend notamment les marques Doliprane, Novanuit ou Dulcolax, est sans doute proche. Ce lundi, le groupe pharmaceutique français a confirmé, dans un communiqué, être entré « en négociations exclusives pour la cession et l'acquisition potentielles d'une participation de contrôle de 50 % dans Opella » au fonds d’investissement américain CD & R. Sanofi devrait donc conserver 48 % d’Opella, pour le moment, et l’État va également entrer au capital. « Bpifrance devrait participer en tant qu'actionnaire minoritaire à hauteur d'environ 2 % », précise en effet Sanofi. Si elle est désormais en très bonne voie, la finalisation de la transaction n’est pas prévue avant le deuxième trimestre 2025.
Après des mois de négociations, une grève reconductible déclenchée jeudi dernier par les syndicats de salariés d’Opella, les montées au créneau de plusieurs députés à l’Assemblée nationale et les avertissements de l’État sur les garanties exigées en matière de préservation des emplois, Doliprane, médicament le plus vendu en France, va bien passer sous pavillon américain. La valorisation d'Opella est basée sur une valeur d'entreprise d'environ 16 milliards d'euros, détaille Sanofi. La participation de l’État dans cette opération tripartite doit permettre « d’assurer l'ancrage français d'actifs stratégiques », a précisé le directeur général de la banque publique d’investissement BpiFrance, Nicolas Dufourcq, lors d'une conférence de presse tenue ce 21 octobre aux côtés des ministres de l'Industrie, Marc Ferracci, et de l'Économie, Antoine Armand. L’État sera ainsi alerté « si une orientation non conforme aux engagements pris venait à être proposée (et pourra) infléchir toute décision contraire à ses intérêts sanitaires et industriels ».
En entrant au capital d’Opella, le gouvernement veut en effet intervenir en cas de non-respect des engagements promis. Bercy, qui était allé jusqu’à menacer de bloquer l’opération, précise que l’accord comprend « une série de clauses significatives qui garantissent l’emploi, les investissements et l’activité d’Opella en France ». Selon le ministère de l’Économie, des garanties ont précisément été obtenues sur « la pérennité des sites de production de Lisieux et Compiègne », « le maintien du siège et des activités de R & D en France », « la protection de l’emploi en France », « un objectif précis d’investissement en France de 70 millions d’euros cumulés sur les cinq prochaines années », « le maintien de volumes minimaux de production en France pour les produits sensibles d’Opella : Doliprane, Lanzor et Aspegic » et « le maintien de l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français, ainsi que le soutien à la relocalisation du principe actif du paracétamol par Sequens par un contrat de fourniture à long terme ». Si ces engagements ne sont pas respectés, l’État pourrait alors décider de sanctions financières dont les montants sont déjà fixés. Ainsi, « une pénalité pouvant s’élever jusqu’à 40 millions d’euros s’appliquera en cas d’arrêt de la production sur les deux sites de Lisieux et Compiègne ». De plus, « une pénalité de 100 000 € par emploi supprimé par licenciement économique contraint » est prévue et une sanction « pouvant atteindre 100 millions d’euros est stipulée en cas du non-respect du maintien de l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français » tels que le chimiste Seqens, énonce Bercy.
Des promesses qui ne vont peut-être pas faire taire définitivement les critiques entendues depuis l’annonce de la cession d’Opella à ce fonds américain, ni rassurer complètement les salariés inquiets pour leur avenir. « Rien ne change pour le Doliprane » a assuré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, lors d'un point presse ajoutant que cette opération va permettre au groupe pharmaceutique de « se concentrer encore davantage » sur les médicaments et les vaccins innovants pour se transformer en « un pur acteur » biopharmaceutique et « un leader mondial en immunologie ». Un doute subsiste toutefois concernant l’avenir d’Opella car une question se pose : Pendant combien de temps Sanofi a-t-il prévu de rester associé au projet ? À ce jour, aucun délai précis n’a été confirmé par le géant pharmaceutique français.
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