En complément du comité de pilotage chargé de la stratégie de prévention et de lutte contre les pénuries de médicaments et ses sept groupes de travail, Jaques Biot a été nommé à la tête d’une mission ministérielle pour analyser la dimension industrielle des causes de ruptures de stock de médicaments. Avec une équipe de trois experts – un interne en pharmacie, une inspectrice de l’IGAS et un ingénieur des Mines – Jacques Biot doit rendre sa copie en janvier prochain.
« La tâche est grande et le délai assez court » au vu des objectifs fixés : analyse des flux logistiques mondiaux, de la chaîne logistique de l’industrie pharmaceutique jusqu’à la distribution et des interconnexions entre chaînes logistiques et entre acteurs, identification des maillons critiques, et donc des médicaments appelant à une vigilance particulière, description de la gestion par les industriels des points de faiblesse et proposition de dispositifs pour améliorer la maîtrise du risque… La liste est longue. Jacques Biot doit aussi « expertiser la pertinence d’une solution mixte public-privé pour la production de certains médicaments anciens en cas de pénurie avérée ».
Montée en gamme
Le travail ne fait que commencer mais l’expert sait déjà les pistes qu’il va explorer pour identifier les ruptures liées à des problèmes d’approvisionnement en principe actif. « On va segmenter les causes. Elles peuvent être liées au développement d’un pays émergent dont les besoins en anticancéreux augmentent et entraînent une hausse de la demande mondiale. Ou au fait qu’il n’y a plus qu’un seul fournisseur de principe actif, qui adopte un comportement voyou en multipliant ses prix par cinq », explique Jacques Biot. Il arrive aussi que ce soit la montée en gamme des normes de production qui génère des pénuries. La Chine, par exemple, peut être amenée à fermer une usine, considérée comme trop polluante, du jour au lendemain, laissant ses clients sans fournisseur. « Nous devons travailler en amont avec les autorités des pays où se trouvent une grande partie des fournisseurs de matières premières ou de substances actives, pour éviter ce type de situation », ajoute Jacques Biot.
Outre cette segmentation, la mission va s’attacher à « créer une cartographie des usines européennes avec l’historique de celles qui ont fermé, celles qui sont stables, celles qui sont menacées », étudier les exemples étrangers et écouter les propositions de ceux qui sont prêts à contribuer aux solutions, que ce soit des industriels ou des établissements publics comme l’AP-HP et la pharmacie centrale des armées. Concernant l’idée de rapatrier certaines productions en Europe, Jacques Biot insiste sur les questions incontournables : « Combien d’argent cela nécessiterait ? A-t-on les ingénieurs qui savent faire tourner ce type d’usine ? Comment garantit-on à l’industriel qu’il va générer les revenus nécessaires à faire tourner l’usine ? Parce que leur intérêt n’est pas de recevoir des subventions mais de faire du business. »
D'après une intervention au Café Nile du 23 octobre dernier.
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