ADOLF MERCKLE, homme d'affaires allemand de 74 ans, à la tête d'un grand groupe familial présent aussi bien dans la pharmacie, avec ratiopharm et Phoenix, que dans le commerce ou l'industrie du bâtiment, a mis fin à ses jours en se jetant sous un train, non loin de la petite ville souabe de Blaubeuren (Bade-Wurtemberg, au sud ouest de l'Allemagne), où il résidait depuis 1945. Sa famille a confirmé son suicide, motivé par la crise profonde de l'empire qu'il avait bâti et par les difficultés rencontrées auprès des banques pour sauver de la faillite son groupe, constitué d'une centaine de sociétés et réunissant près de 100?000 employés dans le monde. Adolf Merckle avait fondé ratiopharm en 1974, quelques années après avoir repris la modeste société pharmaceutique fondée par son grand père. Son patrimoine personnel, estimé à 6,8 milliards d'euros, faisait de cet homme discret la 5e fortune d'Allemagne et une des cent premières fortunes du monde.
Il s'était retrouvé dans l'obligation de restructurer son groupe, à la suite d'opérations financières qui s'étaient révélées peu judicieuses, portant en particulier sur l'achat et la vente d'actions Volkswagen, qui lui ont finalement coûté plus d'un milliard d'euros cet automne, après que l'action, brusquement montée à des niveaux records, soit tout aussi rapidement retombée. En outre, le rachat d'une cimenterie britannique a asséché les liquidités du groupe, qui est passé tout près de l'insolvabilité en novembre 2008.
Dans ces conditions, la vente de ratiopharm, une des branches les plus rentables de la holding, était devenue inéluctable. Selon la presse économique allemande, le groupe Merckle réalise un chiffre d'affaires de 35 milliards d'euros, mais serait endetté à hauteur de 16 milliards. La vente de ratiopharm permettrait de dégager un bénéfice de 5 milliards. Plusieurs acheteurs sont sur les rangs, dont l'Israélien Teva, leader mondial du générique, et le groupe français sanofi-aventis.
Dans l'immédiat, le groupe Merckle semble sortir de l'ornière grâce à un crédit relais que lui a consenti, fin décembre, un consortium de banques, avec toutefois pour condition une importante restructuration de ses sociétés et de ses activités. La famille Merckle annonce être parvenue à un accord avec les banques pour assurer la survie du groupe, mais elle confirme qu'elle devra vendre ratiopharm.
Déboires.
Par ailleurs, selon certains observateurs du monde pharmaceutique, la vente de ratiopharm ne viserait pas uniquement à assainir le groupe ? : elle pourrait permettre la constitution d'une chaîne de pharmacies, d'autres grands groupes étant d'ailleurs eux aussi sur les rangs pour créer de telles structures en Allemagne. Mais la probable décision de la Cour européenne de Justice, qui devrait, sauf énorme surprise, interdire la constitution de chaînes (voir « ?le Quotidien ?» du 22 décembre 2008) devrait rendre caduc ce projet, d'ailleurs non confirmé par Merckle.
Enfin, toujours selon la presse pharmaceutique d'Outre Rhin, il convient de rappeler que les bonnes performances de ratiopharm hors d'Allemagne sont un peu assombries par quelques déboires rencontrés sur son sol, notamment lors de la négociation des rabais avec les principales caisses d'assurance maladie du pays. Depuis 2007, en effet, les caisses exigent des laboratoires des rabais pour rembourser certains de leurs produits, et référencent les fabricants qui leur offrent les meilleures conditions, au détriment des autres. Pour 2009 et 2010, ratiopharm se serait fait brûler la politesse par plusieurs de ses concurrents, ce qui pourrait affecter son chiffre d'affaires allemand, mais dans de faibles proportions, précise le laboratoire.
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