Le président du groupe Servier, Olivier Laureau, pourrait s’enorgueillir des résultats de l’exercice 2020-2021 (clôture au 30 septembre dernier). Nommé à la tête du laboratoire français en 2015, soit au plus fort de la crise, il a, avec ses équipes, su lui redonner une vision stratégique internationale malgré un héritage difficile à porter.
Mais aujourd’hui encore, l’affaire Mediator pèse sur les comptes : malgré un bénéfice net de 204 millions d’euros, le résultat net s’affiche à -25 millions d’euros en raison des indemnisations aux victimes d’environ 200 millions d’euros. En mars 2021, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Servier à verser plus de 180 millions d’euros aux victimes et à une amende de 2,7 millions d’euros, pour tromperie aggravée et homicides et blessures involontaires. Pas suffisant pour le parquet de Paris, qui a fait appel, tout comme le laboratoire, qui juge sa condamnation infondée. La page Mediator n’est pas encore tournée.
Budget R & D
Néanmoins, la métamorphose opérée par le groupe français donne des raisons d’espérer. « En 2020-2021, le groupe Servier a continué sa croissance malgré un environnement difficile », souligne Olivier Laureau. Son chiffre d’affaires consolidé atteint les 4,7 milliards d’euros (+4,3 % à taux constants, +0,8 % à taux réels) contre 3,8 milliards d’euros dix ans plus tôt. Il se répartit entre l’activité princeps, à 3,3 milliards d’euros, et l’activité génériques, à 1,4 milliard d’euros. Fait marquant du dernier exercice : l’acquisition de la division oncologie de l’Américain Agios Pharmaceuticals confirme le virage amorcé en cancérologie et renforcé en 2018 par le rachat de la branche oncologie de Shire. Ce qui lui a aussi permis d’établir une « présence commerciale directe aux États-Unis », à Boston.
L’oncologie contribue pour 604 millions d’euros au chiffre d’affaires, contre 448 en 2019-2020 (+34,9 %), grâce à 7 médicaments commercialisés et en particulier à l’entrée dans son portefeuille de Tibsovo (ivosidenib), un inhibiteur de l’IDH1 approuvé aux États-Unis dans la leucémie myéloïde aiguë (LMA) et le cholangiocarcinome. Le groupe se réjouit par ailleurs du lancement de Lonsurf (trifluridine + tipiracil) dans le cancer colorectal métastatique au Brésil (déjà présent dans plus de 90 pays) et d’Onivyde (irinotécan liposomal) dans le cancer du pancréas en Argentine.
Racines françaises
Servier investit 20 % de son chiffre d’affaires de l’activité princeps dans sa R & D, un budget dont plus de 50 % sont consacrés à l’oncologie. L’objectif ? « Devenir un acteur reconnu et innovant en oncologie avec un chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros en 2025 », en s’appuyant non seulement sur ses chercheurs et ses acquisitions stratégiques, mais aussi sur plus de 18 partenariats académiques et privés dans le domaine. Le groupe se concentre « sur les cancers difficiles à traiter, pour les populations spécifiques, comme les cancers gastro-intestinaux, hématologiques, pancréatiques et pédiatriques ». Il n’en délaisse pas pour autant son investissement dans les neurosciences, en particulier sur les protéinopathies, et dans l’immuno-inflammation. Dans l’aire du cardio-métabolisme, il « poursuit une stratégie d’innovation incrémentale » afin d’optimiser ses médicaments existants. Au total, il compte 40 projets en développement clinique (pour 19 nouvelles molécules) et 36 projets de recherche en cours. Les défis : « Lancer une nouvelle entité moléculaire tous les 3 ans dont la première en 2025 » et « atteindre un chiffre d’affaires consolidé en 2025 à 6,5 milliards d’euros ».
Servier est porté par les ventes de médicaments princeps à l’international (51 % du chiffre d’affaires est généré hors Union européenne) dont Daflon est le numéro 1. La Chine reste sa première filiale princeps malgré une forte baisse liée à des réformes gouvernementales, suivie par la filiale américaine, puis par la Russie. Il entretient néanmoins ses racines françaises, non seulement grâce à sa filiale Biogaran, leader du générique dans l’Hexagone depuis trois ans, mais aussi par un investissement important à Paris Saclay, avec l’ouverture prévue en 2023 de ce qui sera « le cœur de l’organisation mondiale de la R & D du groupe ».
D'après une conférence de presse des Laboratoires Servier.
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