« LA CONFIANCE dans le médicament a été sérieusement ébranlée avec l’affaire du Mediator », déclarait récemment le ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Avant d’ajouter qu’il comptait sur les officinaux pour regagner le chemin de la confiance. Un chemin qui risque d’être long et sinueux, à en croire la dernière enquête de la société Call Medi Call réalisée pour le « Quotidien du Pharmacien ». En effet, près de 9 pharmaciens interrogés sur 10 (85,7 %) déclarent avoir observé ces derniers mois une plus grande méfiance des patients à l’égard des médicaments. Environ 7 titulaires sur 10 affirment également être davantage interrogés, en ce moment, sur les risques et les effets secondaires des spécialités. Il faut dire que le drame du Mediator a jeté le trouble sur l’ensemble de la pharmacopée. Et de nombreux journaux n’hésitent plus à faire leur une sur les risques plus ou moins supposés de telle ou telle spécialité, semant encore un peu plus le doute dans l’esprit des patients. Le mois dernier, le magazine « Sciences et Avenir » consacrait ainsi tout un dossier, sous l’étiquette « exclusif », à l’implication potentielle des benzodiazépines dans les démences, sous le titre accrocheur « Ces médicaments qui favorisent Alzheimer » (notre édition du 6 octobre). Sans parler de la publication par « Le Monde » de la soi-disant « vraie liste des médicaments dangereux ».
Une mise au pilori qui a, bien sûr, des répercussions au comptoir. L’enquête menée par Call Medi Call révèle ainsi que près de 66 % des officinaux ont dû affronter au moins un refus de traitement mis en cause dans les médias. Le phénomène a pris de l’ampleur en quelque mois, puisque les résultats d’une précédente étude réalisée par Call Medi Call au début de l’année (« le Quotidien » du 28 février) montraient que seulement 31,4 % des pharmaciens avaient eu affaire, à l’époque, à un refus de délivrance pour ce motif. Huit mois plus tard le phénomène a été multiplié par deux.
Quoi qu’il en soit, les officinaux ne baissent pas les bras et 90 % d’entre eux n’hésitent pas à entamer un dialogue avec les patients récalcitrants, tandis que 10 % choisissent de retirer simplement le produit. Pourtant, eux-mêmes commencent à exprimer des doutes. Selon Call Medi Call, plus d’un tiers des pharmaciens (36 %) ont moins, voire plus du tout, confiance dans le médicament. Un chiffre qui paraît très élevé pour des professionnels dont l’activité est justement de dispenser des spécialités pharmaceutiques. En fait, l’enquête souligne surtout que la crise de confiance concerne les industriels : 72,5 % des titulaires interrogés pensent en effet que certains laboratoires dissimulent des informations négatives. Quant au projet de loi sur le renforcement de la sécurité sanitaire des médicaments présenté par Xavier Bertrand, il ne permettra pas, aux yeux des officinaux, d’inverser la tendance. Près de 60 % des titulaires estiment ainsi que ce projet de loi n’est pas susceptible de restaurer la confiance du public. Le chemin de la confiance ressemble plutôt à un parcours du combattant.
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