CHAQUE ANNÉE, la prise excessive ou inappropriée de médicaments est responsable de 128 000 hospitalisations, dont plus d’un quart sont jugées évitables. Partant de ce constat, les entreprises du médicament (LEEM) lancent en mai une campagne de lutte contre la iatrogénie médicamenteuse chez les sujets âgés auprès des médecins, des pharmaciens et des patients eux-mêmes.
Les industriels du médicament souhaitent créer un « réflexe iatrogénie » face à certains signes d’alerte comme les malaises, vertiges, chute, perte d’appétit ou troubles de la mémoire, pouvant être provoqués par des prescriptions inadaptées ou des interactions médicamenteuses. Pour les médecins, l’objectif est de développer les logiciels d’aide à la prescription (LAP), afin qu’ils détectent les interactions médicamenteuses ou les prescriptions inadaptées aux seniors. Le Dr Joël Cogneau, médecin généraliste et directeur scientifique de l’Institut de recherche en médecine générale (IRMG), estime que les logiciels existants « ne sont pas encore vraiment performants. Ils nous donnent trop souvent l’alarme pour des interactions et à la longue, on a tendance à ne plus y faire attention ».
Revoir l’ensemble de l’ordonnance.
Pour mieux prescrire chez la personne âgée, il recommande l’utilisation de l’outil « stop an start ». « Il est actuellement en cours de validation, mais il devrait être disponible dans quelques semaines », annonce-t-il. L’outil permet de recenser les médicaments qu’il est préférable de ne pas utiliser chez la personne âgée, comme la digitaline ou les benzodiazépines à demi-vie longue (volet « stop ») mais aussi les médicaments qui sont très utiles dans certaines pathologies (volet « start »). « Les éditeurs de logiciels d’aide à la prescription travaillent actuellement sur ce dispositif pour l’intégrer à leurs outils », note le Dr Cogneau.
La seconde astuce pour mieux prescrire chez les seniors, c’est de mettre en place un outil d’alarme à date fixe pour réviser l’ordonnance. « Pendant la consultation, on ne pense pas forcément à revoir l’ensemble de la prescription, précise le Dr Cogneau. Pourtant il est important de faire le point de temps en temps sur ce qui va et ce qui ne va pas. Il faut aussi vérifier si la personne prend d’autres médicaments. Il y a parfois des co-prescriptions qu’on ignore, ou de l’automédication. Pour le savoir, il est souvent utile de se renseigner aussi auprès des proches, car certaines personnes âgées communiquent moins bien que d’autres, ou ne se souviennent pas de tous leurs traitements. » Enfin, il juge indispensable « d’informer les patients sur les symptômes qui peuvent être liés à un médicament. Il peut arriver qu’un traitement autrefois très bien supporté par la personne devienne source d’effets indésirables, car elle vieillit et sa fonction rénale est moins bonne par exemple ». Parfois, « le patient ne se sent pas bien, il a des troubles digestifs ou se sent anormalement fatigué, mais il ne fait absolument pas le lien avec son médicament », poursuit le Dr Cogneau. Dans tous les cas, l’adaptation du traitement doit se faire au cas par cas, en fonction du profil du patient. « Et il peut aussi être utile de se rapprocher des pharmaciens, car ils ont accès à la totalité des médicaments délivrés dans le dossier pharmaceutique », relève le Dr Cogneau. Un groupe de travail a d’ailleurs été mis en place à l’Institut de recherche en médecine générale, pour travailler sur des pistes de collaboration médecins-pharmaciens sur le sujet de la iatrogénie médicamenteuse.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %