Deux requêtes en justice viennent d’être déposées afin que des femmes victimes d’Androcur obtiennent une indemnisation de l’État. D’autres requêtes concernant les progestatifs à risque de méningiome devraient suivre.
Des femmes qui ont développé des méningiomes suite à la prise d’Androcur (acétate de cyprotérone) ont déposé, le 7 mars, deux requêtes au tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) visant à « faire reconnaître la faute de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), donc de l’État, dans ce scandale de santé publique majeur », a déclaré leur avocat Charles Joseph-Oudin, qui assiste l’association AMAVEA (Association méningiomes dus à l’acétate de cyprotérone, aide aux victimes et prise en compte des autres molécules) et qui a déjà plaidé dans les dossiers du Médiator et de la Dépakine. Ces actions en justice visent à obtenir « une indemnisation respectivement de 748 777 euros et 361 515 euros ». Et ce n’est qu’un début, selon l’avocat. Il affirme en effet que d’autres requêtes concernant Androcur mais aussi Lutéran (chlormadinone et génériques) et Lutényl (nomégestrol et génériques) devraient suivre. Son cabinet détiendrait 450 dossiers. Le méningiome est une tumeur majoritairement bénigne mais peut parfois être responsable de troubles invalidants.
« Vingt expertises terminées retiennent toutes le lien de causalité entre ces méningiomes et la prise des médicaments », explique Charles Joseph-Oudin. Des expertises qui montrent « surtout, un défaut d’information » dont « la responsabilité première est celle de l’État (ANSM) en concours avec la responsabilité des laboratoires », poursuit-il.
En 2018, le risque de méningiome lié à l’utilisation prolongée d’acétate de cyprotérone à fortes doses (≥ 25 mg/jour), déjà connu, est quantifié : il est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement. Les règles de prescription et de délivrance se durcissent.
Entre 2019 et 2020, des études épidémiologiques successives ont démontré un risque de méningiome, qui augmente avec la dose reçue, pour trois progestatifs : Androcur, Lutényl, Lutéran et leurs génériques.
En 2023, le groupement d’intérêt scientifique (ANSM/CNAM) Epi-Phare démontrait un risque accru de méningiome pour trois autres progestatifs utilisés sur une durée prolongée (≥ 1 an) : médrogestone (Colprone), acétate de médroxyprogestérone (Dépo Provera) et promégestone (Surgestone, arrêt de commercialisation). À l’inverse, l’exposition à la progestérone (par voie orale, intravaginale et cutanée : Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston) n’a pas été associée significativement à un surrisque de chirurgie de méningiome intracrânien. Mêmes résultats « très rassurants et en faveur de l’absence de risque de méningiome » pour les dispositifs intra-utérins hormonaux, concluent les auteurs du groupement Epi-Phare. L’étude a été publiée dans le « British Medical Journal » le 27 mars 2024.
Avec l’AFP.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %