C’EST UN CONTEXTE morose que celui dans lequel évoluent les antalgiques du champ OTC. En 2013, le marché de la prescription régressait de 3,5 % en valeur et les ventes d’automédication baissaient de 3 % (source AFIPA). En cause, une moindre fréquentation des officines et un pic de prescription d’antalgiques/antipyrétiques - en raison d’une forte hausse des cas de grippe - qui a amputé d’autant les achats spontanés d’automédication. Le tout sur fond de polémiques sur les prix des médicaments OTC.
La situation n’est donc pas favorable au rayon de l’antalgie d’automédication, mais force est de constater que ses deux segments majeurs s’en ressentent… à peine ! Le paracétamol ne cède que 1 % en volume de ventes et l’ibuprofène moins de 2 % (source fabricants). L’aspirine, en revanche, accuse une régression de presque 13 %, mais la molécule, qui ne représente pas plus de 6 % des ventes d’antalgiques d’automédication, ne peut pas impacter lourdement l’évolution du marché. On peut donc dire du rayon qu’il est, pour l’instant, relativement épargné par la conjoncture, puisqu’il ne perd que 1,9 % en volume, tandis que le versant prescrit de l’antalgie gagne 1,2 %.
Il est vrai que le marché, dans sa globalité, dispose d’atouts importants, notamment liés au statut des médicaments qu’il abrite (remboursables ou non remboursables), mais aussi au fait qu’il est un incontournable de l’armoire à pharmacie. La variété de ses formes (gélule, comprimé sec, comprimé effervescent, comprimé à croquer/orodispersible, suspension buvable, gel topique, sachet, suppositoire), ses multiples dosages, dont les plus élevés sont particulièrement appréciés (1 g pour le paracétamol, 400 mg pour l’ibuprofène), et la prescription médicale qui reste le moteur principal du marché (tout spécialement pour le paracétamol dont les ventes reposent à hauteur de 80 % sur l’ordonnance), assurent aux antalgiques une demande constante.
La présence de marques à forte notoriété capables d’investir en communication est, pour le versant de l’automédication, un autre levier de ventes. D’autant que certains fabricants jouent sur la complémentarité des principes actifs et des statuts (prescription médicale facultative et non remboursable) dans leur offre. C’est le cas de Sanofi Aventis qui référence du paracétamol (gamme Doliprane) et de l’aspirine (gamme Aspégic) mais aussi de Bristol-Myers Squibb qui propose aspirine (gamme Upsa), paracétamol (Dafalgan et Efferalgan Vitamine C, Efferalgantab, Efferalganodis) et ibuprofène (Upfen). Reckitt Benckiser se concentre sur l’ibuprofène avec la gamme Nurofen (Nurofentabs, Nurofenpro, Nurofenflash, Nurofenfem, Nurofencaps), tout comme Pfizer avec Advil, Advilcaps, Advileff, ou Zambon France avec Spedifen. Bayer Santé Familiale met l’aspirine à l’honneur dans ses lignes Aspro et Aspirine du Rhône, associée à la vitamine C dans Aspro 500 Vitamine C et à la caféine dans AsproAccel, tandis que Boerhinger Ingelheim propose une association de paracétamol et codéine dans Prontalgine, un duo d’actifs que l’on retrouve dans la formule de Migralgine chez Johnson & Johnson, et Gaosédal Codéine chez Merck Médication Familiale.
Le dynamisme des topiques.
Autre segment du marché OTC de la douleur, celui des formes topiques qui se distinguent des médicaments systémiques par le type de manifestations qu’elles vont traiter, plutôt localisées - bleus, contusions, entorses, mal de dos, courbatures - que générales comme les maux de tête, les douleurs dentaires, les maux de ventre… En progression de presque 4 % pour un chiffre d’affaires de 126 millions d’euros (source fabricants), le champ topique des traitements de la douleur affiche un dynamisme certain qui n’est pas sans interpeller quelques acteurs du versant systémique (Niflugel chez BMS, Nurofengel chez Reckitt Benckiser, Advilgel chez Pfizer) qui pourraient y trouver une voie de diversification intéressante dans le contexte de récession que connaît actuellement le marché de l’automédication.
Ce segment abrite de nombreuses formes galéniques aux principes actifs très différents (comme l’arnica dans Arnigel de Boiron), parmi lesquels, il est vrai, les anti-inflammatoires occupent une place de choix. Ils prennent le plus souvent la forme de gels qui, à eux seuls, représentent plus de 50 % des ventes du segment et se caractérisent par une forte évolution de presque 8 % en volume et 11 % en valeur sur les douze derniers mois.
Une croissance dont le Laboratoire Novartis Santé Familiale revendique une bonne part de responsabilité avec l’effet du lancement de Voltarenactigo Intense en 2013. « Avec un dosage à 2 % de diclofénac diéthylamine, la formule a révolutionné le marché », déclare Hélène Hermet, chef de produit senior Voltaren. Uniquement présente sur la voie topique des antidouleurs OTC, la marque précise qu’elle y occupe la place de leader grâce à ses multiples références, dont la plus récente, lancée en septembre 2014, est un gel Voltarenspé dédié aux douleurs aiguës de l’arthrose et présenté dans un tube muni d’un bouchon à l’ouverture facile. Outre les deux dosages de Voltarenactigo, la gamme abrite deux autres formes topiques, un patch médicamenteux sous le nom de Voltarenplast et le patch chauffant Voltacare. Chaque référence vise un profil d’utilisateur différent. Le gel est plus volontiers choisi par les mères de famille actives et les seniors en recherche d’efficacité et de bonne tolérance, alors que le patch intéresse plutôt les hommes actifs et sportifs, attirés par le confort d’utilisation et la diffusion longue durée du principe actif.
La part des patchs.
La forme originale du patch, moins bien connue du grand public, n’est cependant pas sans entretenir une certaine confusion. « On s’est aperçu que de nombreux utilisateurs confondent les principes d’action du patch médicamenteux et du patch chauffant, poursuit Hélène Hermet. Pourtant, ils ne répondent pas aux mêmes besoins : Voltacare diffuse une chaleur propre à soulager les douleurs musculaires, alors que Voltarenplast est indiqué dans le traitement des douleurs persistantes comme les entorses, les contusions, les traumatismes. » Médicamenteux ou chauffants, les patchs occupent une part non négligeable de la voie topique, avec plus de 30 % des ventes du segment. On y trouve des marques notoires comme Flector (Laboratoire Genévrier) qui abrite des emplâtres et des gels à base de diclofénac épolamine (TissugelEP, Tissugel Héparine, Flectoreffigel…). Parmi les dispositifs chauffants, on peut citer les patchs Syntholkiné (GSK Santé Grand Public) et les patchs Saint-Bernard (genou, zones étendues, zones ciblées) chez Merck Médication Familiale, mais aussi la gamme Puressentiel dédiée aux articulations, trois patchs auto-chauffants dans la gamme Thermacare de Pfizer Santé Familiale (douleurs localisées, douleurs lombaires, genoux et coudes), ou encore la marque Arôma Patch de Mayoli Spindler.
Urgo pour sa part, présente pas moins de trois nouvelles références en 2014 : une ceinture lombaire rechargeable à l’aide de patchs chauffants et un gel à base de diclofénac présenté en flacon pompe grand format, ainsi qu’en tube.
Aux formes « consommables » de l’antidouleur, il faut ajouter les packs chaud/froid qui présentent l’avantage d’être réutilisables. Destinés au traitement des douleurs dues aux contractures musculaires, douleurs articulaires, maux du dos, douleurs menstruelles (...), ils dispensent la chaleur après avoir été réchauffés à l’eau frémissante ou au micro-ondes. Leur première indication, cependant, se fait dans le cadre d’une utilisation à froid, réfrigérés préalablement au freezer, dans la prise en charge des contusions, entorses, hématomes, maux de tête ou de dents (...). On les trouve sous de multiples références dans la gamme Actipoche de Cooper, Elastoplast (Beiersdorf), ou encore dans la gamme de coussins thermiques Nexcare Coldhot (3M).
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