DANS SON RAPPORT remis fin juin à Xavier Bertrand, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) propose une série de mesures destinée à améliorer la rémunération des pharmaciens (« le Quotidien » du 4 juillet). Dans ce cadre, les auteurs dressent la liste des nouveaux services que pourraient réaliser les officinaux en matière de prévention, de dépistage et d’accompagnement des patients, dans la droite ligne de l’article 38 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST).
• Le dépistage de maladies
Parmi les nouveaux services que pourraient offrir les officinaux, l’IGAS mise sur le dépistage de certaines pathologies. Mais avant d’autoriser cette pratique, elle propose de conduire des études notamment pour connaître la fiabilité des tests utilisés et apprécier si « le dépistage en officine permet effectivement de repérer des malades à un coût qui ne soit pas prohibitif ». Quoi qu’il en soit, les inspecteurs estiment que le dépistage devrait être réalisé par un pharmacien dans un local de confidentialité et leur réalisation inscrit dans le dossier pharmaceutique afin d’éviter la multiplication des tests pour un même patient. Au final, ils recommandent de déterminer les pathologies qui pourraient être dépistées en officine et de définir des protocoles de dépistage. D’ores et déjà, ils soumettent l’idée de permettre aux pharmaciens de réaliser le test de dépistage rapide des angines streptococciques, avec l’objectif de réduire les prescriptions inutiles d’antibiotiques.
• La vaccination des adultes
Plus audacieux, l’IGAS préconise l’implication des pharmaciens dans la vaccination des adultes. Au-delà du suivi vaccinal des patients, elle propose carrément que les pharmaciens puissent injecter les doses sur prescription médicale, comme c’est déjà le cas pour les infirmières. Sous réserve toutefois de la réalisation d’une étude préalable et d’une formation spécifique. Les officinaux pourraient également réaliser cet acte de leur propre initiative dans le cas des rappels de vaccins pour les adultes, suggère le rapport.
• L’accompagnement des patients
L’IGAS envisage également que les officinaux puissent réaliser des entretiens d’accompagnement pour les patients chroniques. « Ces entretiens seraient l’occasion d’expliquer les prescriptions, de promouvoir l’observance, d’informer sur les pathologies traitées, de détailler le fonctionnement des dispositifs médicaux et de motiver le patient pour qu’il adopte des comportements hygiéno-diététiques adaptés », précisent les auteurs du rapport. Mais là encore, ces derniers les conditionnent à une prescription médicale préalable. « En effet, s’ils sont réalisés à l’initiative du pharmacien, des conflits sont à craindre avec le corps médical (réalisation d’entretiens non souhaités par le médecin, divergences des messages transmis…) », expliquent-ils.
• Le bilan de médication
Toujours sur prescription du médecin, la mission préconise la mise en œuvre par les pharmaciens de bilan de médication. La raison ? « Les prescriptions ne sont pas optimales en France, observent les inspecteurs. Elles sont parfois trop longues, ce qui est source de problèmes d’iatrogénie. » « Le pharmacien, parce qu’il apporte un autre regard sur la prescription et parce qu’il dispose d’une compétence spécifique en matière de médicaments, pourrait contribuer à optimiser la prescription », ajoutent-ils. En pratique, ces bilans consisteraient en un entretien avec un patient au cours duquel le pharmacien ferait le point avec lui sur les médicaments qui lui sont prescrits. En s’appuyant notamment sur les données recueillies au cours de cet entretien, le pharmacien procéderait à une analyse des prescriptions à l’issue de laquelle il adresse au médecin un avis par lequel il peut lui conseiller d’adapter la prescription. « Le médecin reste bien évidemment le décideur pour ce qui concerne la stratégie thérapeutique », insiste les inspecteurs.
• La PDA et la dispensation à domicile
Autres services que les pharmaciens pourraient proposés, selon l’IGAS : la préparation des doses à administrer (PDA) pour tous les patients (et pas seulement ceux des maisons de retraite), et la dispensation des médicaments à domicile. « La dispensation à domicile n’est pas une nouvelle mission des pharmaciens, le code de la santé publique l’ayant autorisée de longue date, précise le rapport. D’après l’enquête des ARS, la dispensation à domicile est déjà pratiquée par 57,6 % des officines. » Mais ce service devrait être amené à se développer encore davantage avec l’augmentation du maintien à domicile du fait du vieillissement de la population. Pour l’IGAS, il semble donc « pertinent d’ouvrir aux médecins la possibilité de prescrire cette prestation, possibilité dont certains pourraient se saisir s’ils sont sensibilisés à son intérêt pour favoriser le maintien à domicile, limiter le risque iatrogène et améliorer l’observance des traitements ».
• Le pharmacien correspondant
En ce qui concerne le pharmacien correspondant, l’IGAS qui juge, d’une part, « lourde » la procédure nécessaire à sa mise en œuvre, doute, d’autre part, de son développement compte tenu de l’hostilité du corps médical à son égard (« le Quotidien » du 11 juillet). À la place, les inspecteurs proposent une démarche alternative, le renouvellement de certains traitements après bilan pharmaceutique et sur prescription médicale.
Enfin, le rapport mentionne le rôle que pourraient jouer les pharmaciens dans l’éducation thérapeutique du patient, les soins de premiers recours et, pourquoi pas, dans la télémédecine. « Dans les zones rurales en très forte sous-densité médicale où le patient est amené à se déplacer de dix, voire vingt kilomètres, pour consulter un praticien, la mise en place d’un système de téléconsultation en officine pourrait faciliter l’accès aux soins en limitant les déplacements des médecins et des patients », estiment les inspecteurs.
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